SHEMAYA et AVTALION




PIRKE AVOTH


A quarante ans Hillel se rend en terre d'Israël pour étudier auprès des deux maîtres de sa génération, Chemaya et Avtalion.







Shemaya disait : " aimes le travail, haït la
grandeur et ne recherches pas l'amitié des puissants."

Avtalion disait :" savants, soyez attentifs à vos paroles ;
vous pourriez encourir la peine de l'exil et d'être déportés
dans un lieu où les eaux sont mauvaises, et dont les
disciples qui viendront après vous, pourraient boire et
ensuite en mourir, et le Nom du ciel serait profané "

On peut dire de Chema’ya et d’ Avtalion qu’ils ont été parmi les plus atypiques des Tannaïm (« Maitres de la Michna »). Disciples au premier siècle avant l’ère commune de Yehouda ben Tabbaï et de Chim‘on ben Chéta‘h , ils constituent la quatrième des paires de zougoth (« couples ») énumérées dans le premier chapitre des Pirqei Avoth . Chema’ya était le nassi et Avtalion le av beith din .

Selon le Maharal , le nassi était le président du grand Sanhédrin , mais il ne prenait pas part aux votes. Il incarnait ainsi la notion d’amour de Hachem , par opposition à celle de justice stricte, tandis que le av beith din , qui dirigeait effectivement les débats du Sanhédrin , représentait quant à lui celle de crainte de Hachem .

Cette répartition des rôles entre le nassi et le av beith din se reflète dans les enseignements rapportés dans Avoth 1, 10 et 11 :
« Chema’ya disait : “Aime le travail, déteste l’autorité, et ne t’implique pas dans le gouvernement.” Avtalion disait : “Sages ! Soyez attentifs à ce que vous dites, de peur que vous n’encouriez la peine de l’exil et soyez bannis vers un endroit de “mauvaises eaux” (c’est-à-dire d’enseignements hérétiques). Alors vos disciples en boiront et en mourront, et le Nom divin s’en trouvera profané.” »

On relèvera que ces deux affirmations reflètent d’une certaine façon la situation politique troublée qu’a connue la Judée dans les années qui ont précédé sa conquête par les Romains. Rappelons ici qu’après la mort de la reine Salomée Alexandra (en hébreu : Chelomtsion ha-malka ), veuve d’Alexandre Jannée, ses deux fils, Aristobule et Hyrcan, se livrèrent une guerre civile sans merci pour accéder au trône royal. C’est alors que, soutenu par Rome, Hérode, un ancien esclave iduméen, prit le pouvoir et massacra ce qui restait des descendants des Hasmonéens.

Chema’ya et Avtalion ont été les maîtres de Hillel et de Chammaï ( Avoth 1, 8 à 12), et l’un de leurs enseignements les plus connus a consisté à faire revivre la tradition selon laquelle le qorban Pessa‘h doit être offert même si la fête tombe un Chabbath ( Pessa‘him 66a).

Ils étaient l’un et l’autre soit des convertis, soit plus probablement descendants de convertis. Ils avaient pour aïeul, selon certaines sources, Sennachérib ( Sanhédrin 96b, Guitin 57b), et selon d’autres Sissera ( Tan‘houma Wayaqhèl 8).

Cet état de convertis – ou de descendants de convertis – leur a valu d’être les acteurs d’un incident que rapporte la Guemara ( Yoma 71b) :

Un jour que le kohen gadol sortait du Temple [après avoir accompli le service de Yom kippour ], une foule nombreuse lui fit escorte afin de l’honorer. Quand ceux qui participaient à ce cortège aperçurent Chema’ya et Avtalion , ils se séparèrent du grand prêtre et marchèrent derrière ces deux éminents Tannaïm .
Plus tard, lorsque Chema’ya et Avtalion prirent congé du kohen gadol , celui-ci leur dit : « Que les enfants venus d’un peuple étranger aillent en paix ! » [ce qui constituait une expression de dédain, puisqu’il est interdit de rappeler ses origines à un converti].
Chema’ya et Avtalion répondirent au kohen gadol : « Que les enfants venus d’un peuple étranger qui se comportent comme Aaron [dont il est écrit qu’il aimait la paix et la recherchait ( Avoth 1, 12)] aillent en paix, et que ne vive pas en paix le descendant d’Aaron [c’est-à-dire le kohen gadol ] qui ne se comporte pas comme son ancêtre ! »Jacques Kohn

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