ABRAHAM BLOCH





Légende du tableau : "Le Grand Rabbin Aumônier Abraham Bloch apporte à un catholique agonisant le crucifix que celui-ci réclame ; un instant après , le Rabbin est tué par un obus. Août 1914"





Au cimetière israélite de Gerland, la mémoire du Grand Rabbin Abraham Bloch

Ce cimetière, comme la rue qui y conduit à partir de la place Jean Jaurès, porte tout particulièrement le souvenir d’un homme étonnant : le Grand Rabbin Abraham Bloch, qui fut grand rabbin de Lyon à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Celui-ci, né à Paris en 1859, était le petit fils de Moïse Bloch, un érudit et un sage juif d’Alsace dont les Juifs ont conservé un pieux souvenir. D’abord rabbin dans les Vosges, puis Grand Rabbin d’Alger et ensuite de Lyon, Abraham Bloch décide, en 1914, de s’engager comme aumônier militaire afin d’être aux côtés des soldats dans la défense de la patrie. Là, il se distingue par la qualité de sa présence humaine et spirituelle, mais aussi parce qu’il est toujours vêtu d’une soutane noire qui le fait ressembler à ses « collègues » prêtres catholiques.

Justement, le 29 août 1914, un soldat tombe mortellement touché comme il y en a eu tant et tant d’autres. Il voit le grand rabbin et, le prenant pour un prêtre, lui demande un crucifix. Passant outre toutes ses préventions par rapport à ce que représente de douloureux un crucifix pour un Juif (ce fut durant des siècles le symbole de leur persécution), le Grand Rabbin Abraham Bloch court chercher cet objet de culte et revient le présenter au moribond. C’est alors qu’un nouvel obus s’abat et tue les deux hommes, les réunissant dans la même mort. Ce geste d’extrême fraternité du Grand Rabbin Bloch eut un grand retentissement dans la France d’alors. Ce sacrifice donné dans le témoignage du respect de la foi d’un croyant d’une autre foi que la sienne, apparut comme un symbole fort de l’union de tous les Français dans une même nation, une même république. Le nom du Grand Rabbin Abraham Bloch figure en tête de la liste du monument aux morts de la guerre de 1914-1918 au cimetière israélite de Gerland. A six kilomètres de Saint-Dié, dans les Vosges, une stèle inaugurée en 1934 honore ce geste sublime. On y lit notamment : « Ici le 29 août 1914, le Grand Rabbin Abraham Bloch, aumônier aux armées françaises, a été tué, après avoir porté la croix du Christ à un soldat catholique mourant ». A Paris, une autre plaque à la mémoire du Grand Rabbin Bloch est apposée à l’entrée du séminaire israélite de France, comme pour dire à tous les rabbins qu’ils seront au service de tous, par-delà la communauté juive, car tous les hommes sont frères.

Père Christian Delorme



Dans le discours qu’il prononce lors de l’inauguration de la stèle érigée à la mémoire du Grand Rabbin Abraham Bloch, Me Edmond Bloch cite et commente Maurice Barrès ainsi que le Grand Rabbin de France (de l’époque ?) Alfred Lévy, en ces termes : "La plus sainte des causes est la défense de la patrie, [Abraham Bloch a, avec d’autres] payé de son sang la dette de gratitude contractée par les Israélites envers la France … pour les avoir élevés à la dignitéd’hommes libres ".judaisme sdv

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