Plan general : famous jews

BEN GOURION



knesset
video















A son fils Amos en 1937 :
" Nous ne souhaitons pas et nous n'avons pas besoin de chasser les arabes et de prendre leur place. Tous nos espoirs reposent sur l'idée-vérifiée tout le long de notre activité sur cette Terre [d'Israël] - qu'il y a suffisamment d'espace dans le pays pour nous et pour les arabes "
— Efraim Karsh, Fabricating Israeli history: the « new historians », éditions Frank Cass, New York , 2000, p. 49-50.


David Ben-Gourion
1886-1973


mfa.gov.il

David Ben-Gourion, né dans la ville de Plonsk en Pologne, en 1886, était le sixième enfant d'une famille imprégnée de sionisme. Son père, professeur d'hébreu, était un vétéran des précurseurs du sionisme moderne - Hibbat Zion (les Amants de Sion). Ben-Gourion, ou David Green comme il s'appelait avant d'hébraïser son nom, reçut une éducation juive "moderne" dans un cheder (école primaire) où l'on enseignait des matières laïques parallèlement aux études religieuses.
Les qualités de direction et les inclinations politiques de Ben-Gourion se manifestèrent très tôt. A l'âge de 14 ans, il organisa un groupe de jeunes pour constituer l'association Ezra qui avait pour vocation de diffuser l'hébreu comme langue vernaculaire. A 17 ans, il rejoignit le Poalei Zion (Travailleurs de Sion) - l'une des premières structures politiques du sionisme socialiste - un parti qui allait dominer l'élaboration politique et sociale du sionisme pendant des décennies, principalement sous sa direction.
Considérant le sionisme comme une doctrine qu'il fallait personnellement mettre en pratique en immigrant dans le Pays d'Isral, il s'installa en Palestine en 1906, travaillant dans les orangeraies et les vignobles des exploitations agricoles juives créées deux décennies plus tôt par les premiers sionistes, ainsi que dans le gardiennage en Galilée.
Ben-Gourion écrivit à son père des lettres poétiques et polémiques décrivant la beauté du pays - déclarant dans l'une de ses lettres que "le peuplement du pays - tel est le seul sionisme véritable; tout le reste n'est qu'une illusion, verbiage creux et simple passe-temps"; il cachait par ailleurs les difficultés comme les accès de malaria et la faim. Parfois pendant des jours, voire des semaines, il devait se contenter d'une pita par jour ou moins. Mais lorsque son père lui envoya dix roubles, Ben-Gourion, par fierté personnelle et nationale, choisit de renvoyer l'argent, affirmant qu'il n'en avait pas besoin.
Durant les quatre années qu'il passa "sur la terre", Ben-Gourion était déjà plongé dans la politique travailliste et il devint membre du comité central du Poalei Zion. En 1910, il entra dans l'équipe rédactionnelle du journal du parti à Jérusalem et commença à signer ses articles "David Ben-Gourion".

En 1912, quatre ans après la révolution des Jeunes Turcs, Ben-Gourion et une poignée d'autres militants du Poalei Zion allèrent étudier à l'Université d'Istanbul - espérant développer des liens avec les élites et modifier la politique ottomane antisioniste. Ses études furent brutalement interrompues par le déclenchement de la Première Guerre mondiale au moment où il passait ses vacances d'été en Galilée. L'année suivante, il fut expulsé de Palestine par le gouvernement ottoman - ainsi que d'autres militants sionistes dont Yitzhak Ben-Tzvi (second président d'Israël).

En arrivant à New York en 1915, Ben-Gourion consacra les deux années suivantes à constituer la "section américaine" du sionisme travailliste. C'est à cette époque qu'il rencontra et épousa Paula. Ben-Gourion était initialement opposé à une unité militaire juive au sein de l'armée britannique, à l'instar du "Corps des muletiers de Sion" de Jabotinsky, craignant qu'elle ne mette en danger la communauté juive de Palestine. Cependant, sous l'impact de la Déclaration Balfour de 1917, il changea d'avis et s'associa à l'appel de Jabotinsky en faveur de la création de bataillons juifs au sein de l'armée britannique pour libérer la Palestine de la domination turque. Il fut lui-même volontaire, servant en Egypte dans l'un des trois bataillons juifs - le 39e régiment des fusiliers royaux.
En 1921, Ben-Gourion fut élu secrétiare-général de la Histadrout, la Fédération générale du travail, créée l'année précédente. Il occupa ce poste jusqu'en 1935, pendant ce que furent les années de formation de la Histadrout. Sous sa direction dominante et parfois dominatrice, la Histadrout créa nombre d'institutions économiques et sociales qui allaient marquer la société israélienne pendant plusieurs décennies. Les réunions interminables étaient monnaie courante ; lorsque Ben-Gourion rencontrait une opposition à ses vues, il présentait sa position et la répétait sans relâche - parfois pendant une série de réunions - jusqu'à ce que les sceptiques soient convaincus ou du moins conduits par la lassitude à se soumettre.
Ben-Gourion orchestra ainsi la création de la hevrat ovdim (association des travailleurs), un réseau d'organisations et d'entreprises gérées par la Histadrout qui mirent en oeuvre l'expansion du peuplement rural coopératif et de travaux d'infrastructure, développèrent des industries et créèrent des cadres culturels, des services de santé et même leurs propres institutions financières. Parallèlement aux fonctions de syndicat de la Histadrout, ce réseau, fondamentalement, fournit l'infrastructure d'une nouvelle société et de l'Etat en chantier.
En 1930, Ben-Gourion joua un rôle central dans le regroupement des grandes tendances travaillistes en un appareil politique hautement efficient - le Mapaï, un parti politique qui allait guider et gouverner la société israélienne durant les premières décennies décisives de l'Etat, avec Ben-Gourion à sa tête. En 1935, le sionisme travailliste était la composante la plus importante de l'Organisation sioniste mondiale, et le Mapaï put nommer Ben-Gourion au poste-clé de président de l'exécutif de l'Agence juive - l'instrument du mouvement sioniste pour le peuplement - poste qu'il occupa jusqu'à la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Ben-Gourion avait une conscience aiguë de sa place dans l'histoire - classant méthodiquement la documentation relative à son immense activité. A lui seul, son journal personnel comprend des centaines de milliers de pages. Animé à la fois par un désir de diriger et d'apprendre, il était très cultivé - en particulier en histoire et en philosophie politique et religieuse - et sa bibliothèque personnelle comptait quelque 20 000 volumes. Approfondissant les domaines qui le captivaient, Ben-Gourion acquit la maîtrise du grec pour lire Platon dans le texte.
Après les émeutes arabes en Palestine, laCommission Peel de 1937 proposa un partage du pays qui accordait aux Arabes la "part du lion" de ce qui restait de la Palestine du Mandat après la création de la Transjordanie en 1922. Le monde juif était en émoi. Cependant, Ben-Gourion, qui considérait qu'un minuscule Etat juif constituait le fondement et le levier de la réalisation des aspirations sionistes, mobilisa toute son influence pour empêcher le rejet du plan par le mouvement sioniste. Lorsque la direction sioniste accepta le plan à contrecoeur, les Britanniques décidèrent de ne pas l'appliquer. LeLivre blanc de 1939 - qui restreignait l'immigration juive et le droit des juifs d'acquérir des terres en Palestine - fut considéré par Ben-Gourion comme une trahison flagrante de la Déclaration Balfour. Néanmoins, lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, il résuma la politique sioniste générale en disant : "Nous aiderons les Britanniques dans la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre blanc et nous lutterons contre le Livre blanc comme s'il n'y avait pas la guerre". Des dizaines de milliers de juifs palestiniens s'enrôlèrent volontairement dans les forces britanniques, tandis que le peuplement et l'immigration se poursuivaient - au mépris du Livre blanc.
En 1942, Ben-Gourion contribua à la rédaction du Programme de Biltmore - une nouvelle plate-forme du mouvement sioniste - qui réclamait une immigration juive de masse et, pour la première fois, se prononçait publiquement en faveur de la constitution d'un Etat juif en Palestine. L'adoption du programme constitua un changement majeur dans le mouvement sioniste - le début de la prédominance de la ligne militante de Ben-Gourion et le rejet du "gradualisme" défendu parChaïm Weizmann (président de l'Organisation sioniste mondiale) qui avait dirigé les efforts sionistes depuis plus de deux décennies et était le principal porte-parole du courant sioniste.
Lorsqu'après la guerre le nouveau gouvernement élu en Grande-Bretagne refusa d'abolir le Livre blanc, même après la tragédie de la Shoah, la confrontation avec les Britanniques devint inévitable. En 1946, Ben-Gourion assuma la charge du portefeuille de la défense à l'exécutif de l'Agence juive et mena la lutte contre les Britanniques - défiant le blocus instauré par eux pour empêcher une immigration juive d'envergure, intensifiant les activités de peuplement et, par la suite, remettant en question l'autorité britannique.
La détérioration de la situation conduisit la Grande-Bretagne à porter la question de la Palestine devant les Nations unies - une démarche qui culmina le 29 novembre 1947 avec le plan de partage de l'Assemblée générale de l'ONU. Le 14 mai 1948, veille de l'expiration du Mandat britannique, Ben-Gourion - alors à la tête du gouvernement provisoire - proclama la création de l'Etat d'Israël. Ben-Gourion dirigea et assura le passage d'une force militaire clandestine en une armée régulière, démantelant les groupes armés politisés existant avant la création de l'Etat pour constituer une armée unie, apolitique - les Forces de défense d'Israël. Sa direction militaire consista en un rare mélange de pragmatisme et d'esprit visionnaire. Sa détermination fière, audacieuse et résolue, son organisation dynamique et ses actions, liées à une foi profonde et quasi-mystique dans la jeunesse israélienne, jouèrent un rôle décisif dans la conduite de la guerre d'Indépendance et ses conséquences. Israël sortit victorieux de la guerre mais paya un prix terrible : 6 373 tués, soit près de 1 % de la population.

Durant les cinq premières années de l'Etat, en tant que premier ministre, la direction énergique et charismatique de Ben-Gourion permit une immigration de masse qui doubla la population en quatre ans ; il affecta la majeure partie des ressources limitées de la nouvelle nation à l'intégration des immigrants tout en assurant l'avenir des régions isolées par la création de nouvelles localités. Il institua également un système d'écoles publiques. En tant que ministre de la défense, il façonna le caractère et la structure de l'armée.
Sur les questions internationales, Ben-Gourion exposa sa carrière politique pour contraindre la nation à l'approbation de l'accord hautement controversé signé avec l'Allemagne de l'Ouest concernant les réparations. Il conduisit le pays à adopter une orientation pro-occidentale - évolution stratégique qui prépara l'alliance avec la France et le Royaume-Uni dans les années 1950 et 1960, consolidant la position d'Israël dans les domaines diplomatique, économique et militaire.
Au cours des années 1960, Ben-Gourion demeura la personnalité dominante de la vie publique en Israël, en tant que premier ministre et/ou ministre de la défense. Même durant deux brèves périodes durant lesquelles il se retira de la vie politique active, dans les coulisses, son influence demeura écrasante. En 1953, épuisé par des années d'un intense service public, Ben-Gourion démissionna du gouvernement, choisissant de s'installer dans le kibboutz Sdé Boker dans le Néguev - pour donner l'exemple à la jeunesse israélienne. Avec son ton bourru si caractéristique et sa façon dogmatique, il réprimanda son équipe qui avait les larmes aux yeux : "Au lieu de pleurer, vous feriez mieux de venir avec moi !"
Deux ans plus tard, il retournait à la vie politique en tant que ministre de la défense, après le "raté" des services de renseignement ("l'Affaire Lavon"). Après les élections de 1955, il redevint premier ministre. Réévaluant la politique militaire, il se fit l'avocat de ripostes plus résolues contre les terroristes qui franchissaient les frontières et adopta une stratégie fondée sur une étroite coopération avec la France, qui dura plus d'une décennie. La campagne du Sinaï de 1956 - en dépit du retrait israélien du Sinaï par suite des pressions internationales - amena l'arrêt des actes de sabotage et des attentats terroristes perpétrés contre les localités du sud, et mit fin au blocus illégal imposé par les Egyptiens aux navires israéliens dans la mer Rouge.
La personnalité complexe de Ben-Gourion associait une realpolitik prophétique et des vues plus que simplistes. En 1952, en visite dans le Néguev, il demanda à un officier du génie s'il serait possible de remplir d'eau le cratère de Ramon - une gigantesque formation rocheuse naturelle dans le désert du Néguev... Mais, en 1947, il avait fait pression pour l'achat d'armement lourd - artillerie et aviation - quand d'autres pensaient en termes d'infanterie légère.
En 1963, Ben-Gourion démissionna une fois de plus du gouvernement pour protester contre les aspects moraux de "l'Affaire Lavon". En 1965, il soutint une réforme électorale et la formation d'une nouveau parti politique, le Rafi. Les deux initiatives s'avérèrent impuissantes à le ramener au pouvoir. Ben-Gourion demeura membre de la Knesset jusqu'à son retrait de la vie publique en 1970, à l'âge de 84 ans.
Ben-Gourion, l'une des personnalités les plus influentes du sionisme moderne, est mort en 1973 et est enterré à Sdé Boker.


"On est en droit de se poser la question de savoir si un parti au pouvoir adopte la même attitude que lorsqu'il n'y est pas." 
"Vous devez toujours savoir distinguer l'essentiel de la futilité."

Aucun commentaire:




livreor.gif

Messages les plus consultés