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ZAMENHOF



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"Si je n'avais pas été un Juif du ghetto, écrit-il, l'idée d'unir l'humanité ne m'aurait pas obsédé pendant toute ma vie... Personne ne peut ressentir la nécessité d'une langue neutre aussi fort qu'un Juif, qui est obligé de prier Dieu dans une langue morte depuis longtemps, qui reçoit son éducation dans la langue d'un peuple qui le rejette, et qui a des compagnons de souffrance sur toute la terre avec lesquels il ne peut se comprendre."



Louis Lazare ZAMENHOF
Oculiste et linguiste polonais né le 15 décembre 1859 à Bialystok et mort le 14 avril 1917 à Varsovie

Louis Lazare Zamenhof naquit et grandit à la frontière entre la Pologne et la Russie. Sa ville natale était sous domination russe au moment de sa naissance.

Son père Markus est un instituteur sage sévère et discipliné.

Ce rationaliste voue au travail un véritable culte et enseigne à ses enfants la tolérance et la primauté de la raison sur la foi.

Lazare, fils et petit fils de professeurs de langues serait-il destiné à suivre la même voie que ses parents ?

Après de brillantes études au lycée de Varsovie, le jeune Zamenhof part pour l'Université de Moscou où il commence des études de médecine.

Il va rapidement se trouver plongé dans les tourments politiques des années 1880, où les premiers soubresauts révolutionnaires envahissent les milieux étudiants et où les premiers mouvements sionistes défraient la presse.

Sous la pression de son père qui veut mettre son fils à l'abri des troubles sociaux qui commencent à secouer la Russie tsariste, Zamenhof revient à Varsovie pour terminer ses études de médecine. Il obtiendra brillamment son doctorat en 1885.

Profondément humain, Zamenhof commence à pratiquer sa profession d'oculiste dans des milieux très pauvres, près de la Mer Noire à Kherson, puis à Grodno en Lituanie avant de s'installer à Varsovie.

Dans sa ville natale vivaient principalement cinq communautés : des Polonais, des Russes, des Allemands, des Juifs et des Lituaniens.

Les communautés étaient soudés et vivaient relativement isolées les unes par rapport aux autres. Les relations inter-éthniques variaient entre la haine, l'animosité et l'indifférence.

Bien entendu, chaque groupe parlait sa langue, sans pour autant comprendre celle de l'autre, ce qui ne pouvait que renforcer l'étanchéité des groupes sociaux : les classes intellectuelles parlaient surtout le polonais ; dans les quartiers ouvriers l'allemand dominait; dans le commerce c'était l'hébreu. Lorsqu'ils se rendaient à la ville faire leurs achats, les paysans parlaient plutôt le russe-blanc. Quant au russe, c'était la langue officielle enseignée à l'école.

Dès son plus jeune âge, Zamenhof avait remarqué que l'incompréhension et les difficultés de communication étaient à l'origine de bien des conflits entre communautés. Il avait émis l'idée de créer et de développer une langue neutre, qui, en parallèle de la langue maternelle de chacun, servirait à comprendre l'autre sans pour autant lui imposer son mode de pensée et sa culture.

On aurait tort de penser qu'il s'agissait là de l'idée utopique d'un vieil intellectuel. Zamenhof n'avait pas vingt ans lorsqu'il jette les premiers principes de base de sa langue.

Dans les milieux intellectuels qu'il fréquentait à Moscou ou Varsovie, ont discutait souvent des progrès dans les techniques de communications, de l'internationalisation des relations commerciales, du téléphone qui faisait déjà le tour de la terre .... et de l'intérêt qu'il y aurait de disposer d'une langue auxiliaire de communication à l'échelle planétaire pour simplifier la compréhension entre les personnes de nations différentes.

Après plus de dix ans d'un travail constant, de nombreux essais et de plusieurs refontes, Zamenhof publie le 26 juillet 1887, un petit fascicule, Lingvo Internacia, qu'il signe du pseudonyme de "Doktoro Esperanto".

L'ouvrage reçoit un accueil chaleureux, car la langue est facile, logique et harmonieuse, sa grammaire s'apprend en une demi-heure et elle possède une réelle beauté littéraire.

Un mouvement de soutien s'organise et prend de l'ampleur. En 1905, Zamenhof préside le premier Congrès international espérantiste, à Boulogne-sur-Mer, là où quelques années plus tôt Marconi a réussi la première liaison radiotélégraphique.

A la même époque, Zamenhof publie son "Fundamento de Esperanto", qui explique et fige les principes de base, la structure et la formation de la langue.


C'est cette version de base qui va ensuite évoluer, se consolider, et devenir une vraie langue vivante, puisque parlée et pratiquée aujourd'hui dans plus de 100 pays sur les cinq continents.

L'Esperanto est probablement l'exemple le plus réussi de langue artificielle. On estime aujourd'hui à 2 000 000 le nombre de personnes qui peuvent s'exprimer en Esperanto dans le monde.

Parmi ceux qui ont contribué à la diffusion de la langue, on recense bon nombre de pionniers de la radio, de scientifiques des techniques de communication, de journalistes ou de savants sensibles au caractère international de leurs activités.

La Universala Esperanto-Asocio (fondée en 1908) est présente dans plus de 80 pays, avec des associations nationales esperantistes dans plus de 50 pays. Il existe un peu plus d'une centaine de publications et 30 000 livres en esperanto.

Ce Juif célèbre et emblématique tour à tour membre des Amants de Sion, partisan de l'émigration vers l'Amérique et finalement assimilationniste, meurt en 1917, désespéré par l'effondrement des idéaux internationalistes et humanistes.dspt.club

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