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HERMANN COHEN


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Né à Coswig en Anhalt le 4 juillet 1842 et mort à Berlin le 4 avril 1918. Il fut l'un des fondateurs de l'école néo-kantienne de Marburg et, avec Paul Natorp, l'un de ses principaux membres. On le considère comme le philosophe juif le plus important du dix-neuvième siècle .


"Je n'ai moi-même pas craint la conséquence méthodologique impliquant que la religion se dissolve dans l'éthique"


En effet, en 1907, Cohen s'efforce encore de montrer dans son Ethik que le contenu essentiel de la religion est la moralité. Dès qu'il s'agit de religion, la démarche de Cohen consiste en un va-et-vient entre les sources bibliques, qui constituent le "donné" religieux, et la pure réflexion conceptuelle ; les textes doivent être soumis à l'examen de la raison, être en en quelque sorte "épurés", pour pouvoir après coup confirmer ce qui a été déduit a priori. Mais ceci n'est possible que si le contenu religieux lui-même se prête à un traitement rationnel ; et, pour Cohen, la religion qui s'y prête le mieux est la religion juive dans la mesure où elle présente le concept de monothéisme dans sa pureté. Car seules peuvent être appelées à juste titre religions les religions monothéistes : les religions polythéistes ne sont jamais que cultes de l'âme, puisqu'elles constituent leurs dieux en projetant et personnifiant les diverses puissances de l'âme humaine ; elles relèvent du mythe en ce qu'elles sont motivées avant tout par l'angoisse de l'âme face à son destin. De plus, et sur ce point il se range à l'avis de Hegel bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons, Cohen ne manque jamais de souligner la parenté qui existe entre le judaïsme et le kantisme, qui se manifeste notamment par l'idée de primauté de la loi à laquelle l'homme obéit par crainte respectueuse, l'idée des limites de la connaissance humaine que l'on trouve par exemple dans la théorie des attributs négatifs de Maïmonide, l'idée de la pureté du cœur, et l'exclusion de l'eudémonisme. Si Kant rejetait le judaïsme, c'est qu'il ne le connaissait qu'à travers Spinoza, dont le panthéisme s'oppose fondamentalement à tout monothéisme. Le monothéisme se caractérise avant tout par sa thèse de l'unité de Dieu ; or quelle en est la signification essentielle ? L'unité de Dieu signifie l'unité de la moralité. En effet, si l'essence de Dieu doit nous rester inconnue, nous sont accessibles ceux de ses attributs qui se rapportent à ses actions, à sa justice et son amour. Et l'unité de la moralité entraîne à son tour l'unité de l'humanité : il y a une moralité une qui s'adresse à une humanité une. Ainsi l'enseignement de la religion est-il essentiellement identique à celui de l'éthique, dans laquelle la loi morale a toujours pour contenu l'Idée d'humanité.
Cependant, l'unité elle-même s'explicite en unicité : le monothéisme n'affirme pas seulement l'unité de Dieu, mais aussi et surtout son unicité. Or dire que Dieu est unique, c'est dire qu'il est identique à l'être, qu'il est l'unique être face auquel tout le reste n'est qu'apparence, c'est le poser comme absolument incommensurable et transcendant. Le panthéisme, puisqu'il affirme l'identité de Dieu et du monde, contredit d'emblée cette thèse, et ne peut par conséquent revendiquer le titre de religion. Cohen, tout au long de son œuvre, dénonce ave une virulence de plus en plus aiguë l'erreur spinoziste, car avec la question de l'unicité de Dieu, c'est la possibilité de la liberté humaine qui est en cause. En effet, l'Idée de Dieu comme l'unique être coupe court à toute tentation mystique, et donc à toute confusion entre les rôles respectifs de l'homme et de Dieu : l'homme doit tendre à Dieu, c'est-à-dire à la moralité, par son propre travail moral, en restant dans le domaine immanent qui est le sien et celui de sa relation aux autres hommes ; c'est en s'efforçant d'instaurer la communauté dans laquelle les hommes ne sont jamais considérés simplement comme des moyens, mais toujours en même temps comme des fins qu'il s'élèvera à Dieu ; mais jamais il n'atteindra Dieu, dont la transcendance est irréductible, et son effort ne se manifestera que comme un progrès infini, un rapprochement à l'infini de Dieu. L'éternité ne désigne pas un "au-delà", un repos bien mérité après une vie de travail, mais se rapporte au travail lui-même, à la moralité avec laquelle l'homme n'en aura jamais fini, à l'idéal en tant que sa réalité est d'un ordre supérieur à l'ordre terrestre. Le contenu de la religion peut donc être entièrement dissous dans la moralité, et Kant lui-même a eu tort d'affirmer qu'elle s'en distinguait en ce que, en elle, la loi morale était conçue comme commandement divin ; il n'a pu parler ainsi qu'en raison de son attachement au christianisme, dont la doctrine de la Trinité a une tendance panthéiste qui compromet l'autonomie de la volonté, puisque concevoir un homme-Dieu, c'est concevoir que Dieu puisse empiéter sur le domaine du travail moral de l'homme. Avec l'Idée du Dieu unique au contraire, la fin suprême reste la liberté, et la loi morale reste essentiellement liée à l'humanité qui en est à la fois l'auteur, le contenu et la fin ; le rôle de Dieu est, comme dans l'éthique, de garantir la possibilité de la réalisation de la moralité, et s'il peut intervenir au niveau humain, ce n'est que pour empêcher l'homme de sombrer dans le désespoir auquel l'infinité de sa tâche morale pourrait l'entraîner.
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La religion dans les limites de la philosophie

"Hermann Cohen (1842-1918) fut la figure principale du néo-kantisme de l'École de Marbourg qu'il dirigea avec Paul Natorp, et dont le principal disciple est Ernst Cassirer. Il incarne ce qu'aurait pu être et ce que fut, un temps, la "symbiose" judéo-allemande. La religion dans les limites de la philosophie (1915) est l'avant-dernier ouvrage de Cohen, qui achève son grandiose parcours philosophique par une "philosophie de la religion" au sens classique, même si les sources principales de son inspiration sont juives. L'originalité de cet ouvrage ne tient pas seulement à cet aspect-là, il a inspiré très directement l'œuvre de Buber et, ce que l'on ignore en France, celle d'Emmanuel Levinas. Cohen cherche, en effet, à intégrer la religion au sein du système philosophique en en montrant la spécificité par rapport à la logique, à l'esthétique, à la psychologie, mais surtout par rapport à la morale. L'éthique ne peut prendre en compte que l'individu représentant d'une totalité morale : l'humanité. En revanche, la religion prend sa source dans l'irréductible singularité de la souffrance individuelle qui me présente autrui, non plus comme un homme en général, mais justement comme cet individu-là, comme un "tu" qui n'est jamais identifiable au "il" désincarné de l'éthique. Cette singularité fonde la priorité, non seulement de la religion sur l'éthique, mais aussi sur la politique."pagesperso-orange.fr/fillosophe

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