BIO
RAB
Juge, médecin et astronome.Amora de la premiere generation
Il est né en 165 à Nehardea, dans Babylone et y est décédé environ en 257
"Les chemins du ciel sont aussi clair pour moi que les voies de Nehardea."
"Dina demalkuta dina"
la loi du pays est la loi
La région judéo-babylonienne était divisée en une quantité de petits districts qui étaient appelés du nom de leur ville principale. Il y avait les districts de Narès, Sora, Pumbadita, Nehardea, Nehar-Pakod, Mahuza, etc. Chacun de ces districts avait sa physionomie propre, son originalité, il avait ses mœurs et sa manière de vivre particulières, il avait même ses poids et ses mesures spéciaux. Dans cette région, quatre villes surtout avaient une importance capitale et occupèrent successivement le premier rang. C’était d’abord Nehardea, forteresse construite près de l’Euphrate et du canal Naraga, et habitée exclusivement par des Judéens ; elle protégeait la Babylonie juive. Pendant quelque temps, Nehardea fut la Jérusalem de la Babylonie ; au moment où le temple subsistait encore, cette ville centralisait les dons offerts pour le service du temple par toutes les communautés babyloniennes, et, de là, les sommes recueillies étaient envoyées, sous bonne escorte, à Jérusalem.
Rab eut comme ami et collaborateur Samuel ou Mar-Samuel, appelé également Aïoc et Yarhinaï. Ce docteur, qui contribua pour une part importante au relèvement du judaïsme babylonien, avait des idées plus originales et des connaissances plus variées que Rab. Dans sa jeunesse, il suivit le courant qui entraînait tous ceux qui avaient soif de science vers la Palestine ; il fréquenta l’école de Juda Ier. On raconte qu’il guérit une maladie d’yeux dont souffrait le patriarche, et que ce dernier ne lui accorda pas l’ordination. Il retourna en Babylonie avant Rab et, à la mort de Schèla, il fut élevé à la dignité de chef d’académie.
Mar-Samuel était un homme calme, sensé, ennemi de toute exagération. A la croyance de ses contemporains, qui pensaient que la venue du Messie serait précédée de nombreux miracles, il opposa cette conception qu’à ce moment-là aussi tout suivra son cours normal, et que l’époque messianique ne se distinguera des temps antérieurs que par l’indépendance absolue dont jouira la nation juive. Mar-Samuel ne se consacra pas uniquement à l’enseignement de la Loi, il s’occupa également d’astronomie et de médecine. Son autorité dans les questions rituelles était moins grande que celle de Rab, mais il était un jurisconsulte éminent et toutes ses décisions dans les affaires civiles acquirent force de toi. Il formula cette règle, d’une importance capitale, que Ies juifs doivent obéissance aux lois du pays où ils demeurent aussi bien qu’à leur propre législation, ce qu’il exprima par ces mots : Dina demalkuta dina. Les Judéens de la Babylonie et des pays parthes, vivant sous un régime de liberté et de tolérance, acceptèrent facilement cette prescription, qui était au fond une innovation très hardie. Le principe de l’inviolabilité des lois du pays établi par Mar-Samuel était, eu effet, en contradiction formelle avec les anciens usages, qui permettaient et souvent recommandaient la transgression de certaines lois étrangères. Ce principe eut dans la suite les plus heureuses conséquences pour les Judéens, il contribua, d’un côté, à les réconcilier avec le gouvernement des pays où les jetait la destinée ; d’autre part, aux ennemis des israélites qui auraient pris prétexte de l’apparent esprit d’exclusivisme du judaïsme pour conseiller des mesures de persécution contre la nation juive, on pouvait opposer ce commandement de Samuel, qui réduisait à néant tous leurs raisonnements. Déjà le prophète Jérémie avait adressé ce conseil salutaire aux tribus dispersées en Babylonie : Travaillez au salut de la ville où vous êtes établis. Mar-Samuel transforma ce conseil en une prescription religieuse : On est tenu de se soumettre à la loi de l’État.
C’est à Jérémie et à Mar-Samuel que le judaïsme est redevable d’avoir pu subsister dans les pays étrangers.
Mar-Samuel fut une des figures les plus originales de cette époque. Profondément pénétré de l’esprit du judaïsme, dont il connaissait admirablement les doctrines et les traditions, il sut néanmoins voir au delà des limites étroites de sa patrie et de sa religion, et il se préoccupa aussi des autres nations et de leurs croyances. Il s’instruisit particulièrement chez les savants de Perse, et il étudia l’astronomie avec son ami Ablaat. L’immense plaine qui se développe entre le Tigre et l’Euphrate et dont le vaste horizon n’est borné par la moindre colline était le berceau de l’astronomie ; cette science dégénéra bientôt, dans cette région, en astrologie. Samuel était trop pénétré des idées juives pour accorder quelque crédit à l’astrologie ; il ne s’occupa que de l’observation et de l’étude sérieuse des corps célestes. Les voies du ciel, dit-il, me sont aussi familières que les rues de Nehardea, mais il ajouta qu’il ne savait pas calculer la marche des comètes. Il utilisa ses connaissances astronomiques pour établir un calendrier qui permettait aux juifs babyloniens de fixer les fêtes sans attendre que la Palestine les informât chaque fois de l’apparition de la nouvelle lune. Samuel ne publia pas ce calendrier, probablement par respect pour le patriarche et pour ne pas rompre l’unité du judaïsme, et on continua à considérer les calculs du calendrier comme une science secrète (Sod ha-iboui). On sait que Samuel exerçait la médecine, mais aucun document ne donne d’indication précise sur ses connaissances médicales ; il prétendait pouvoir guérir toutes les maladies, à l’exception de trois.
L’éclat dont brillait l’académie de Sora, organisée par Rab, faisait pâlir la renommée de l’école de Mar-Samuel. Mais la plus cordiale entente ne cessa de régner entre les deux docteurs, et Samuel, qui était d’une rare modestie, céda en toute circonstance le pas à Rab et se soumit à son autorité. Après la mort de ce dernier, Mar-Samuel fut reconnu comme le seul chef religieux de la Babylonie ; il conserva cette dignité pendant dix ans. Johanan, qui était en Judée, hésita d’abord à le traiter en supérieur. Dans les lettres qu’il envoyait en Babylonie au nom de l’école de Tibériade, il appelait Rab : Notre maître en Babylonie, et Mar-Samuel : Notre collègue. Mar-Samuel lui fit alors parvenir un tableau où il avait indiqué les dates des fêtes pour une durée de soixante ans : C’est un très habile mathématicien, se contenta de dire Johanan. Mais lorsqu’il eut soumis à Johanan ses recherches sur un nombre considérable de cas douteux de maladies qui pouvaient se présenter chez les animaux et les rendre, d’après les prescriptions talmudiques, impropres à la consommation, son autorité fut reconnue même eu Judée.
graetz
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