PRIX NOBEL 2002
BIO
SANS DESTIN
ENTRETIEN
DATES
SURVIVANT
HONGRIE
STOCKHOLM
ROMAN
ARTICLE
BIBLIOGRAPHIE
"Je vais continuer à vivre ma vie invivable"
Imre Kertesz est né le 9 novembre 1929 à Budapest, dans une famille juive. Déporté à l'âge de 15 ans à Auschwitz, il est transféré ensuite à Buchenwald, et sera sauvé par la libération du camp en 1945. Lorsqu'il revient en Hongrie, il est seul, toute sa famille ayant disparu.
Il travaille d'abord comme journaliste, mais le quotidien pour lequel il écrit est bientôt proclamé organe du parti communiste et on le licencie en 1951.
A partir de 1953, il vit de sa plume, écrivant des comédies musicales et des divertissements théâtraux.
Ce n'est qu'en 1960 qu'il commence à élaborer Etre sans destin qu'il mettra dix ans à écrire. Cet ouvrage, une des grandes oeuvres littéraires sur l'holocauste, à la fois bouleversant et provocateur, ne rencontre que peu d'écho lors de sa parution. Selon lui il s'agit d' «un roman de formation à l'envers » puisqu'il y raconte l'histoire d'un individu dont le destin a été confisqué. «Il fallait choisir entre roman et autobiographie. Je me suis décidé résolument pour le roman. Ce n'est pas parce que j'étais un enfant que l'enfant en est un. Il est un enfant parce que l'infantilisation est caractéristique de toute dictature».
Il faudra attendre sa réédition en 1985 pour que ce livre connaisse enfin un réel succès.
Entre temps il commence à travailler comme traducteur. Il a notamment traduit en hongrois Nietzsche, Freud, Canetti, Wittgenstein, Schnitzler, etc...
En 2002, alors qu'il reçoit à Berlin le prix Hans Sahl pour l'ensemble de son œuvre, il apprend qu'il est le lauréat du prix Nobel de littérature. Les membres de la prestigieuse académie ont tenu à saluer un écrivain qui « dresse dans son oeuvre l'expérience fragile de l'individu contre l'arbitraire barbare de l'histoire». Il est ainsi le premier auteur de langue hongroise à recevoir ce prix. Il a publié une dizaine de livres, mais à ce jour seuls trois autres textes publiés en hongrois ont été traduits en français : Le refus et Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, qui vient clore sa trilogie de la « métaphysique du renoncement » entamée avec Etre sans destin, et Un autre. Tous ces ouvrages sont parus chez Actes Sud.theatre contemporain
Le 19 mars 1944 les Allemands entrent en Hongrie, au printemps 1944 Eichmann est à Budapest pour organiser le plus violent massacre de cette guerre. En deux mois seulement tout fut accompli. Sachant la guerre perdue, les nazis voulurent en finir avec les juifs d'Europe et de mai 1944 jusqu'au 12 juillet1944 plus de dix mille hommes, femmes, enfants, vieillards hongrois furent exterminés.
Ils ne passèrent même pas par les camps, ils furent directement amenés dans les chambres à gaz. Eux ne comprenaient pas, les autres prisonniers pleuraient en voyant les enfants dans les bras des mères entraient "prendre la douche". La rampe de Birkenau ne pouvait plus tous les contenir, et les Allemands avec leurs auxiliaires polonais et ukrainiens mirent les bouchées doubles pour terminer "le travail".
Au printemps 1944 une épaisse fumée noire s'étendait même aux alentours, les juifs hongrois avaient disparu. Le jeune Kertész a vu tout cela, lui l'insouciant dans les camps qui faisaient rire les autres prisonniers, reçut de pleine face l'indicible. Il devient un mur sans espérance, regardant indifférent les bombardements alliés et la libération des camps, presque mort aux yeux des vivants, presque vivant à ses yeux.espritnomades
Etre sans destin
"Budapest, 1944. Arraché à sa famille, le narrateur, quinze ans, se retrouve tassé dans un wagon à bestiaux. Depuis que l'étoile jaune a fait de lui un paria, le jeune garçon enregistre ce qui lui arrive avec une minutie ingénue. Une distance, qui fait la singularité parfois paradoxale de ce roman au thème devenu hélas familier. Après tout, ce voyage est peut-être une occasion de voir le monde. Un lever du soleil magnifique n'éclaire-t-il pas l'arrivée à Auschwitz-Birkenau ? L'accueil est bon enfant, des plates-bandes de fleurs bordent d'étranges constructions. Étape par étape, le processus se démasque. File de droite, fil de gauche, file de mort, file de vie. De vie ? La vie à quinze ans, "dans les intervalles de la souffrance, parmi les cheminées". On te demande ton nom, tu réponds par un chiffre, tu connais toutes les plaies de ton corps dévasté, mais tu n'es plus dedans.
Le narrateur survit, et le plus dur reste à faire : affronter l'après, faire comprendre "qu'on ne peut pas commencer une nouvelle vie, on ne peut que poursuivre l'ancienne". "Je vais continuer à vivre ma vie invivable... Il n'y a aucune absurdité qu'on ne puisse vivre tout naturellement."radiofrance
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