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EDWARD BERNAYS

PROPAGANDA
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" Ce qu’il faut retenir c’est d’abord que la propagande revient à enrégimenter l’opinion publique exactement comme une armée enrégimente les corps de ses soldats "
Edward Bernays, 1928

"Il n'en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande "



Edward Bernays est considéré comme le père de la science des relations publiques.
La propagande politique au XXe siècle n'est pas née dans les régimes totalitaires, mais au coeur même de la démocratie libérale américaine


22 novembre 1891 – 9 mars 1995

Edward Bernays, neveu de Freud, influencé par les théories de Le Bon et de Trotter sur le fonctionnement des foules, est considéré comme le père de la propagande. Assez peu connu, il a pourtant joué un rôle majeur dans l’évolution des techniques de propagande et de marketing (qui ne portait pas encore ce nom à l’époque). A une époque où l’on ne cesse de pousser les psychologues, chômage oblige, à travailler dans les services de “ressources humaines”, il est toujours intéressant de revenir sur le parcours d’un homme qui fut un des premiers à rapprocher la psychologie et les intérêts privés paradoxa

Conseiller pour de grandes compagnies américaines, dont General Electric, Procter & Gamble et l'American Tobacco Company, Bernays a mis au point les techniques publicitaires modernes. Au début des années 1950, il orchestre des campagnes de déstabilisation politique en Amérique latine, qui aboutissent notamment au renversement du gouvernement du Guatemala, main dans la main avec la CIA.fluctuat


Edward Bernays, neveu de Freud et Machiavel de la propagande
Louis Cornellier


Bernays définit la Propagande comme « un effort cohérent et de longue haleine pour susciter ou infléchir des événements dans l’objectif d’influencer les rapports du grand public avec une entreprise, une idée ou un groupe ». Selon lui, cette technique est, par essence, amorale. Aussi, pour déterminer si son usage est un bien ou un mal, « il faut d’abord se prononcer, et sur le mérite de la cause qu’elle sert, et sur la justesse de l’information publiée ». Quand il apprendra, par exemple, que Goebbels se servait d’un de ses ouvrages pour orchestrer sa propagande contre les juifs, Bernays en sera scandalisé. Pour lui, la propagande est une réalité incontournable du monde moderne, mais elle doit être mise au service de l’intérêt commun...

Bernays adhère à l’idée que la mentalité collective n’est pas guidée par la pensée mais « par l’impulsion, l’habitude ou l’émotion ». Selon lui, « la vapeur qui fait tourner la machine sociale, ce sont les désirs humains » et, pour cette raison, « ce n’est qu’en s’attachant à les sonder que le propagandiste parviendra à contrôler ce vaste mécanisme aux pièces mal emboîtées que forme la société moderne ».

Bernays multiplie les professions de foi démocratique, mais sa conception de la démocratie s’apparente plutôt, en fait, à du despotisme éclairé. Ainsi, avec une rare impudeur, il affirme que, le monde moderne étant complexe et traversé par une foule d’influences et d’intérêts divers, la démocratie a besoin d’un « gouvernement invisible », composé « d’une minorité d’individus intelligents », dont le mandat est « de passer les informations au crible pour mettre en lumière le problème principal, afin de ramener le choix à des proportions réalistes ». Ces « chefs invisibles » doivent donc, grâce à la propagande, « organiser le chaos » pour éviter « que la confusion ne s’installe ».

La démocratie à la Bernays, on le voit, a de forts relents de Big Brother. Ce qui, au fond, la distingue de la dictature, c’est son souci d’imposer des comportements non par la force et la répression, mais par la fabrication du consentement. Bernays, qui ne s’en cache pas, l’écrit noir sur blanc. Nous pourrions, suggère-t-il, procéder par la nomination d’un comité de sages qui nous dicterait nos comportements, mais mieux vaut « la concurrence ouverte ». Appréciez la définition de son idéal démocratique : « Il n’en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande. Le prosélytisme actif de ces minorités qui conjuguent l’intérêt égoïste avec l’intérêt public est le ressort du progrès et du développement des États-Unis. Seule l’énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population tout entière à prendre connaissance des idées nouvelles et à les appliquer. »

Ne pas être dupe

On peut, bien sûr, on doit, même, se scandaliser d’un tel programme. C’est d’ailleurs ce que fait Normand Baillargeon dans sa solide présentation de cet ouvrage en rappelant que les propositions de Bernays contredisent l’idéal démocratique moderne. À l’éthique de la discussion rationnelle, elles opposent « une persuasion a-rationnelle » ; à la vertu de l’honnêteté et au droit à l’information, elles opposent la manipulation et « l’occultation de données pertinentes » ; à la participation du plus grand nombre et à l’intérêt vraiment commun, elles opposent le privilège de la « minorité intelligente » de définir l’intérêt commun en fonction des siens. Bernays a beau multiplier les appels en faveur de l’honnêteté et contre l’usage d’arguments fallacieux dans la propagande, on découvre toutefois rapidement qu’il souffle le chaud et le froid quand on lit, sous sa plume, qu’il importe de faire éprouver à l’opinion « l’impression voulue, le plus souvent à son insu », et que notre démocratie « doit être pilotée par la minorité intelligente qui sait enrégimenter les masses pour mieux les guider ». Comme disait l’autre, ils veulent notre bien et ils vont l’avoir.

On peut, donc, se scandaliser, mais il faut néanmoins reconnaître que, quoi qu’en dise la propagande, justement, c’est souvent ainsi que nos démocraties fonctionnent. Bernays, sur un point, a raison : la propagande est là pour de bon. Il s’agit de n’en être pas dupe et, pour cela, de développer inlassablement deux outils dignes de l’idéal démocratique non détourné : une école gratuite qui enseigne de solides rudiments d’esprit critique et un journalisme indépendant de qualité. Cela a l’air peu, mais ce peut être beaucoup.


Propaganda - Comment manipuler l'opinion en démocratie, Edward Bernays

1. Organiser le chaos.
La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.
(...) Les techniques servant à enregimenter l'opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente."

2. La nouvelle propagande.
Il n'en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande. Le prosélytisme actif de ces minorités qui conjuguent l'interêt égoïste avec l'interêt public est le ressort du progrès et du développement des Etats-Unis. Seule l'énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population toute entière à prendre connaissances des idées nouvelles et à les appliquer. Des petits groupes sont ainsi en mesure de nous faire penser ce qu'ils veulent sur un sujet donné. En règle générale, cependant, toute propagande a ses partisans et ses détracteurs, aussi acharnés les uns que les autres à convaincre la majorité."

3. Les nouveaux propagandistes.
Si l'on entreprenait de dresser la liste des hommes et des femmes qui, de par leur position, sont ce qu'il faut bien appeler des "faiseurs d'opinion", on se retrouverait vite devant la longue kyrielle des noms recensés dans le Who's Who. (...)
Et si, selon la formule consacrée, tel candidat à la présidentielle a été "désigné" pour répondre à "une immense attente populaire", nul n'ignore qu'en réalité son nom a été choisi par une dizaine de messieurs réunis en petit comité. (...)
Oui, des dirigeants invisibles contrôlent les destinées de millions d'êtres humains. Généralement, on ne réalise pas à quel point les déclarations et les actions de ceux qui occupent le devant de la scène leurs sont dictées par d'habiles personnages agissant en coulisse.
Plus important encore, nous ne réalisons pas non plus à quel point ces autorités façonnent à leur guise nos pensées et nos comportements. (...)
L'apparition de formes d'activité jusqu'alors inconnues appellent un renouvellement de la terminologie. Le propagandiste spécialisé qui se fait l'interprête des projets et des idées auprès de l'opinion, et des réactions de l'opinion auprès des architectes de ces projets et de ces idées est ce qu'il est convenu d'appeler un "conseiller en relations publiques".


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