Plan general : famous jews

HERSCHEL GRYNSZPAN


REMEMBER
PORTRAIT
FILM
NUIT DE CRISTAL
PRETEXTE
VON RATH
LIVRE










" Mes chers parents, je ne pouvais agir autrement. Que Dieu me pardonne.
Mon coeur saigne lorsque j'entends parler de la tragédie des 12000 Juifs.
Je dois protester pour que le monde entier entende mon cri et cela,
je suis contraint de le faire. Pardonnnez-moi. Herschel " wiki


Un épisode peu connu et pourtant déterminant des années noires de l’Occupation : l’assassinat, en plein Paris, par un jeune Juif, Herschel Grynszpan,né le 28 mars 1921 à Hanovre, en Allemagne et décédé probablement entre 1944 et 1945, d’un diplomate allemand. Ce geste désespéré d’un homme que d’aucuns considèreront plus tard comme un « vengeur », sera le prélude à la terrifiante « Nuit de Cristal ».

Paris, 7 novembre 1938. Rue de Lille. A quelques pas de l’Assemblée nationale, la légation allemande.
« Je désire être reçu par l’ambassadeur. J’ai des documents très importants à lui remettre ! »
Le concierge de la légation observe avec étonnement ce jeune homme brun, maigre, au regard vif, qui vient de s’adresser à lui. Herschel Grynspan est élégamment vêtu. Costume, chemise blanche, cravate sombre, imperméable de bonne facture.
Mais ne rencontre pas le comte Welczeck qui veut !
« Le troisième secrétaire, attaché à l’ambassade, M. von Rath, va vous recevoir. »
Grynspan serre dans sa poche le revolver qu’il vient d’acheter. Pendant quelques instants, et tandis qu’il se dirige vers le bureau d’Ernst von Rath, il revoit en mémoire le magasin de son oncle Abraham, le tailleur de la rue des Petites-Ecuries avec lequel il s’est brouillé il y a peu, le doux visage de Beilé, sa sœur chérie et les yeux de ses parents qui semblent l’implorer : « Au secours Herschel, on nous a déportés à Zboszyn, de l’autre côté de l’Oder. Ils vont nous tuer, Herschel. Au secours ! »
« Vous êtes Monsieur… » Ernst von Rath n’a pas le temps de poser sa question. Grynspan vient de décharger sur lui la totalité de son barillet. Il git dans une mare de sang, mortellement blessé. Il succombera le lendemain de ses blessures.
Pour Herschel Grynspan, 18 ans, juif d’origine polonaise, justice est faite. Pour les nazis, le prétexte à une action antijuive de grande envergure est tout trouvé. Le geste vengeur de Grynspan sera le prélude à la « Nuit de Cristal ».
Pour comprendre et analyser les motivations de Grynspan, il faut remonter quelques années en arrière. En 1935, Herschel, qui a quinze ans, vit en Allemagne, à Hanovre, avec ses parents, juifs polonais. La montée du nazisme, l’ascension de Hitler, inquiètent les Grynspan qui décident de mettre leur fils à l’abri en le confiant à une proche parente à Bruxelles. Mais la police belge veille et traque les sans-papiers. Herschel choisit la fuite. Dans le tramway qui relie Quiévrain en Belgique à Valenciennes en France il se mêle à un groupe d’ouvriers frontaliers et le voilà en France, pays de la liberté et des droits de l’homme, mais aussi celui de l’oncle Abraham, le tailleur. L’oncle et la tante de Herschel accueillent leur neveu avec beaucoup de chaleur. Certes, les risques sont grands. Herschel ne parle pratiquement pas le français. Il n’a pas de papiers. Mais la famille, c’est la famille. On fera avec. C’est compter, hélas, sans la vigilance de la police française qui, comme son homologue belge, ne s’embarrasse pas de sentiments. Une missive administrative brève et sèche apprend à Herschel qu’il est sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Devant toutes ces portes qui se ferment Herschel n’a plus qu’une solution, la clandestinité.
Le voilà déraciné, perdu dans un pays qu’il ne connaît pas, sans papiers d’identité, sans ressources.
Un sous-humain, un non-être. Et voici, pour comble de malheur, que les nouvelles les plus alarmantes sur le sort de sens parents lui parviennent. Sa sœur Beilé lui a écrit : « Nos pauvres parents vont être transférés à Zboszyn, au-delà de l’Oder, avec plusieurs milliers d’autres juifs polonais. » Et de fait, le 7 octobre 1938, les nazis, après avoir imposé la déclaration obligatoire des biens juifs et la suppression des exceptions accordées aux avocats juifs anciens combattants, ont introduit le tamponnage des passeports et pièces d’identité des Juifs par le biais d’un « J » en bonne place.
Ce même jour, le gouvernement polonais adopte une mesure pour ses nationaux résidant à l’étranger : l’apposition d’un cachet spécial sur les passeports pour éviter d’être déchu de la nationalité polonaise. Et comme, discrètement, les consulats polonais ont reçu l’ordre de ne pas renouveler les passeports des Juifs vivant à l’étranger depuis plus de cinq ans, 20 000 malheureux se découvrent apatrides du jour au lendemain.
Tous les Juifs polonais habitant le territoire du Reich sont arrêtés et expulsés. C’est ainsi que 3 135 juifs de Vienne sont refoulés vers la Pologne. Une Pologne qui ne veut pas de ces citoyens, qui sont pourtant ses nationaux. Et voici que des milliers de personnes se retrouvent soudainement des fantômes administratifs errant sur une bande de terre, le no man’s land de la région de Zboszyn. De longues semaines de froid et de neige dans des campements de fortune, entre deux frontières, hermétiquement closes. Parmi ces désespérés, véritable rebut de l’histoire, à la merci du bon vouloir des administrations et des gouvernements, un couple, les Grynspan, originaires de Hanovre, le père et la mère du jeune Herschel Grynspan, qui , fou de douleur et désespéré devant le sort réservé à ses parents et à son peuple, fera de von Rath la victime expiatoire de son désir légitime de vengeance. Un von Rath dont on apprendra par la suite que, jeune diplomate de vingt-neuf ans il appartenait à une vieille famille aristocratique prussienne. Ayant adhéré au Parti national socialiste par opportunisme politique, il était mal noté par ses supérieurs, du ministère des Affaires étrangères pour avoir osé critiquer les persécutions raciales et l’attitude anti-cléricale du nazisme. Lorsque Herschel Grynspan reçut la lettre de sa sœur Beilé, sa décision était prise. Il vengerait ses parents, il vengerait son peuple. Mis au courant, son oncle Abraham s’oppose à ses projets. C’est la rupture. Herschel quitte la demeure des Grynspan et erre dans Paris. Après une nuit passée dans un hôtel du boulevard de Strasbourg, il se présente rue de Lille au siège de la légation allemande. On connaît la suite.
L’affaire Grynspan aurait pu demeurer un simple fait divers. C’était compter sans le machiavélisme des nazis. Prête à fonctionner, n’attendant qu’un prétexte, la gigantesque machine à détruire hitlérienne se met en marche. Selon un plan, longuement médité, les S.A. (sections d’assaut) déferlent dans la nuit du 9 novembre à travers l’Allemagne. C’est le pogrome à l’échelle d’un pays tout entier. Les six cents synagogues du pays, dont certaines sont des monuments classés, sont pillées. Tous les magasins juifs sont mis à sac. Des milliers de maisons juives et d’édifices institutionnels font l’objet d’attaques en règle. Trente mille personnes, dont les femmes, des enfants et des vieillards, sont jetées dans des camps de concentration à Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen et sauvagement brutalisées. C’est la « Nuit de Cristal ». Au matin du 10 novembre 1938, toutes les artères des grandes villes allemandes sont recouvertes de débris de verre, témoins su pogrome. Au milliard de marks en perte de biens pour la communauté juive, s’ajoute une amende collective d’un autre milliard qui est imposée aux Juifs du Reich. Ceux des Juifs allemands qui, contre vents et marées, croyaient encore en l’avenir du Reich, cherchent à fuir. Les consulats étrangers sont pris d’assaut mais n’accordent leurs visas que très parcimonieusement.
A la Chambre des communes, le Premier ministre britannique stigmatise le pogrome et les Américains rappellent leur ambassadeur à Berlin. La France est plus discrète dans ses réactions et à Paris l’inquiétude de la communauté juive qui frise dans certains milieux, une véritable panique, entraîne des réactions irrationnelles et aberrantes. Le 18 novembre, L’Univers israélite publie une lettre ouverte à la mère de von Rath. Les responsables du journal y expriment leur tristesse devant la mort du secrétaire d’ambassade. Expliquant qu’il serait injuste de rendre tous les Juifs collectivement responsables de la mort de son fils, les rédacteurs de la missive implorent la pitié de Madame von Rath. Minimisant le caractère racial de la « Nuit de Cristal », L’Univers israélite, journal proche du Consistoire de Paris, attribue à la pègre allemande ce qui de toute évidence fut une action planifiée et exécutée dans les moindres détails par le gouvernement hitlérien.
Autre exemple de l’attitude ambiguë et souvent veule d’une partie de l’ « Establishment » communautaire juif : la déclaration du Grand rabbin de Paris, Julien Weil, estimant que la paix est plus importante que le sort des Juifs en Europe centrale (voir Le Matin du 19 novembre 1938).
De son côté, la communauté immigrée, par le biais du Parizer Haint (L’Aujourd’hui de Paris) fait savoir qu’elle n’a jamais eu de liens avec le jeune Grynspan. Dans sa quasi-totalité, la communauté juive de France adopte un profil bas. On évite les discours, les protestations publiques, les démarches officielles.
Puisque la tendance politique du gouvernement français est à l’alliance avec l’Allemagne, pourquoi risquer d’attiser la xénophobie ambiante ? En porte-à-faux, avec cette attitude de repli et de discrétion à outrance, la L.I.C.A., par le biais de son organe Le Droit de Vivre prend ouvertement fait et cause pour Herschel Grynspan.
Sous la signature de Bernard Lecache, son directeur, l’hebdomadaire antiraciste titre à la une : « Grynspan, tu es absous ! »
Pour Lecache, le procès qui s’annonce, est une fiction juridique basée sur une politique hypocrite qui se voile la face devant les crimes commis par l’Allemagne hitlérienne, et s’apprête à condamner un gamin. Et le président de la L.I.C.A., d’affirmer avec force : « Grynspan est déjà jugé. Il est déjà absous. » La L.I.C.A. est déterminée à défendre Grynspan « avec pitié, avec tristesse, avec passion, avec acharnement ». Mais alors, le chœur des moralistes qui s’apitoient sur le sort de von Rath, ne va-t-il pas crier « au complot judéo-international » : « Que l’on crie ! » s’exclame Lecache. Par dessus les aboiements des crieurs il y a un vrai procès à faire, celui de Berlin, celui de Hitler. Certes, le geste de Grynspan est regrettable ; ce type de comportement n’est ni naturel ni souhaitable mais il importe de bien discerner les vraies responsabilités. Pour Bernard Lecache, c’est là précisément l’affaire de la L.I.C.A.
« Notre affaire, c’est de sonner l’alarme. De défendre notre sol, nos principes et de sauver ce qui, dans un monde douloureux, peut encore être sauvé. Notre affaire, c’est de venir au secours des 600 000 Juifs volés, spoliés, affamés, écrasés, mieux qu’avec des phrases.
« Notre affaire, c’est de préparer la libération des Juifs et non-Juifs, allemands ou italiens, autrichiens ou tchèques qui travaillent obscurément mas opiniâtrement à détruire les dictatures. Notre affaire, c’est d’organiser le blocus moral et matériel de l’Allemagne hitlérienne, le boycottage des bourreaux.
« Notre affaire, c’est d’obtenir l’expulsion des agents de Berlin, la mise en quarantaine d’une nation qui offense l’homme et souille le droit.
« Notre affaire, c’est de réussir à faire comprendre à la France – ailleurs on a déjà compris – qu’elle serait infidèle à sa mission, traître à son devoir, si elle ne se plaçait pas au premier rang des protestataires.
« Notre affaire, c’est d’exiger la loi contre le racisme, l’arrestation des complices français des criminels hitlériens.
« Notre affaire, c’est de réclamer l’abrogation de l’infâme décret-loi sur les étrangers qui vient d’être commis et qui institue un « numerus clausus » intolérable dans la législation républicaine ; c’est de ne pas laisser envoyer au bagne les pauvres immigrés accusés d’infraction aux expulsions dont ils sont victimes, c’est d’interdire qu’on imite, comme on vient de le faire, l’Italie raciste, en restreignant les droits français des naturalisés.
« Notre affaire, c’est de défendre tous les Grynspan de la terre, juifs, noirs, musulmans, chrétiens.
« Notre affaire, c’est d’être implacablement, irréductiblement, ennemis du racisme, ennemis donc de l’Allemagne « telle qu’elle est » et de l’Italie « telle qu’elle est ».
« Notre affaire, c’est de lutter jusqu’aux plus extrêmes limites du combat, de ne rien craindre, de ne jamais trembler, de ne jamais hésiter.
« Notre affaire, c’est, magnifiant les Etats-Unis d’Amérique, leur président Roosevelt, d’agir pour que l’Europe encore libre, ne se livre pas à la servitude.
« Notre affaire, c’est de dire aux voyous de la Wilhelmstrasse : « Vous êtes des gangsters. Ayez le destin des gangsters. Vous trouvez ‘déshonorant’ de vous asseoir aux côtés d’un Juif, mais vous acceptez de manger dans sa vaisselle, de coucher dans son lit, de voler son argent. Nous trouvons déshonorant que la France et les nations propres s’assoient à vos côtés, qu’elles vous prennent pour des hommes alors que vous êtes pires que des bêtes fauves. »
« Notre affaire, c’est de déclarer une guerre sans merci à l’ennemi public numéro 1.
« Qu’on en trouve ici l’assurance ! Cette guerre-là nous la mènerons jusqu’à ce que les Grynspan n’aient plus à courir chez l’armurier pour venger dans le sang le malheur d’être juif. »
Sur le plan judiciaire, l’affaire Grynspan tourne court rapidement. Arrêté, le jeune Herschel est incarcéré à Paris. Tandis que l’instruction est confiée au juge Tesnières, trois ténors assurent la défense de Grynspan, Mes Henry Torrès, de Moro-Giafferi et Franckel. La partie civile est représentée par Me Maurice Garçon et par le professeur Grimm. Sur ces entrefaites, la guerre survient. Le procès est renvoyé sine die. Transféré vers la province, Grynspan, profitant du bombardement du convoi par les Allemands, parvient à s’échapper, mais il est arrêté à Toulouse, expédié à Vichy, et remis par les pétainistes aux Allemands qui le ramènent à Paris. De prison en camp de concentration, Herschel Grynspan passe par Berlin et Sachsenhausen. Son sort reste suspendu à un procès à grand spectacle annoncé à plusieurs reprises, mais qui n’aura jamais lieu. Dès lors, la destinée d’Herschel Grynspan est enveloppée d’un halo de flou et de mystère. Les hypothèses les plus invraisemblables ont été avancées. En 1959, la revue anglaise World Jewry sous la signature d’E. Larsen, affirmait qu’Herschel Grynspan était vivant, marié, père de deux enfants et garagiste dans la banlieue parisienne.
Selon le comte Soltikoff, journaliste à Wochenend, l’attentat du 7 novembre 1938, était en réalité lié à une affaire de mœurs. D’autres, enfin, ont défendu la thèse d’un Grynspan, agent provocateur manipulé par les nazis.
Ces hypothèses ne résistent pas à l’analyse et aux témoignages. Pour Me Weill-Goudchaux, qui fut aussi un défenseur de Grynspan, ce dernier a été abattu à la hache près de Toulouse en 1940. Pour le père et le frère d’Herschel, rescapés de la Shoah, et citoyens israéliens, il est impossible qu’Herschel ait pu survivre après la guerre sans leur donner le moindre signe de vie malgré les innombrables avis de recherche publiés dans le monde entier par leurs soins.
Nonobstant l’aspect mystérieux, et parfois rocambolesque de la fin d’Herschel Grynspan, un fait demeure intangible : l’attitude de la L.I.C.A. Comme pour Schwarzbard, comme pour Frankfurter, elle a choisi la défense des faibles face à l’oppression, des malheureux traumatisés face aux pogromistes, aux racistes et aux antisémites. Elle l’a fait souvent à contre-courant de l’opinion du moment, sans peur ni hésitation, donnant une leçon de courage à ceux qui préférèrent alors la politique de gribouille.


Ce texte de Jean-Pierre –Allali et Haim Musicant est extrait de leur livre « Des hommes libres, Histoires extraordinaires de l’histoire de la Licra » (Editions Bibliophane. 1987).


Une autre these voudrait : :
" celle du fait divers de l’historien allemand Hans-Jürgen Döscher selon laquelle le meurtrier connaissait la victime du milieu homosexuel parisien qu’ils fréquentaient tous deux et que c’est suite au refus de celui-ci de lui procurer le visa promis qu’il l’aurait tué."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Extrait très intéressant, mais qui passe un peu vite peut-être sur la question de ce qui aurait fait renoncer Hitler à une telle occasion pour son procès à grand spectacle.

Et donc sur la possibilité que, dans ses tentatives désespérées pour échapper à son expulsion, Grynszpan aurait pu réellement rencontrer vom Rath avant, y compris dans le milieu homosexuel parisien (hypothèse d’ailleurs reprise, semble-t-il mais comme stratégie de défense, par son avocat lui-même).

La décision de présenter (comme David Frankfurter avant lui ?) son geste comme protestation contre le sort des juifs expulsés d’Allemagne venant alors après un éventuel refus de la part de sa victime ?

http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2008/01/10/television-grynszpan-etait-il-un-nouveau-david-frankfurter-how-hitler-got-his-pretext-for-the-crystal-night-but-lost-his-show-trial-against-world-jewry/




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