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GERTRUDE STEIN

G. STEIN
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AUTEUR
PICASSO
WORLD OF G.STEIN
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CITATION


"Un écrivain devrait écrire avec ses yeux et un peintre peindre avec ses oreilles."

D’origine américaine, Gertrude Stein (1874-1946) naît en Pennsylvanie, dans une famille d’émigrants juifs allemands et passe la plus grande partie de son enfance en Californie. Attirée par la philosophie, les sciences et la psychologie, elle est étudiante en psychologie, puis, commence, en 1897, des études de médecine, qu’elle interrompt en 1901. Attirée aussi par l’étranger, l’étrangeté, "ce qui n’est pas la vie américaine bourgeoise à laquelle sa naissance l’avait destinée", elle vient rejoindre son frère Leo à Paris, en 1903, après avoir terminé un premier roman Things as they are (qui ne sera publié qu’après sa mort), et choisit définitivement la France, pour terre d’accueil et d’écriture. Leo, qui a voulu devenir historien d’art et artiste, qu’elle admire, l’a initiée à la peinture. Ils vivent des dividendes provenant des placements financiers de leur père défunt. Ils entreprennent une collection des plus riches, devenant mécènes de Cézanne, Matisse, Picasso...
Fernande Olivier, compagne de Picasso, à cette époque, décrit dans "Picasso et ses amis" le climat des premières rencontres : "Les Stein habitaient rue de Fleurus, un pavillon avec atelier au fond d’une grande maison. Leur collection de tableaux était déjà belle... Une société assez mélangée fréquentait les samedis. Petits mécènes de cette curieuse époque, les Stein firent beaucoup pour populariser les artistes modernes (...) " (éd. Stock, 1933, p.102)
Il faut se plonger dans la correspondance de Gertrude Stein et Picasso et autant dans la préface et toutes les annotations de Laurence Madeline, pour comprendre la place prépondérante que jouèrent Gertrude et son frère dans la vie de Picasso : "Ils apportent de l’argent, un nouveau cadre social, un nouveau monde à conquérir, une stimulation intellectuelle. Ils brisent littéralement le train-train artiste de Montmartre, l’engagent vers de nouvelles relations, de nouveaux dialogues, de nouveaux défis (...)" (préface à la Correspondance Gertrude Stein-Pablo Picasso, p.8). Gertrude se lie avec une amie plus jeune qu’elle, Alice B. Toklas, dont elle fait durant trente ans sa secrétaire, sa confidente et sa compagne. En 1933, elle fait paraître l’Autobiographie d’Alice Toklas (coll. L’Imaginaire, Gallimard, traduction de B. Faÿ). Et si on s’imagine que ce récit, où Gertrude Stein se substitue à Alice Toklas pour écrire les Mémoires d’Alice, et du coup, se raconte elle-même, pourrait être ennuyeux ou avoir vieilli, eh bien, pas du tout ! Il se lit comme un bon roman, à rebondissements. Gertrude a le don de faire parler les uns et les autres, alors que les amitiés se nouent et que les cercles se forment, et décrit cette époque où tout le monde avait vingt-six ans, avec un talent tel qu’il nous semblerait presque en être :
"C’était en 1907. Gertrude Stein était en train de surveiller l’impression de Three lives, dont elle faisait une édition hors commerce, et en même temps elle était plongée dans la rédaction de The Making of Americans, son grand roman de mille pages. Picasso venait de finir le portrait de Gertrude Stein, mais personne alors ne l’aimait excepté le peintre et le modèle ; maintenant c’est un tableau fameux. Picasso venait aussi de commencer son tableau étrange et compliqué de trois femmes. Matisse venait de finir son Bonheur de vivre, sa première grande toile, celle qui le fit surnommer un "fauve". C’était l’époque que Max Jacob a nommée depuis l’âge héroïque du cubisme. Je me rappelle avoir entendu récemment Picasso et Gertrude Stein parler de diverses choses qui étaient arrivées alors, l’un des deux disait : "Mais tout cela n’a pas pu arriver en une seule année. - Oh, répondit l’autre, vous oubliez que nous étions jeunes alors et que nous faisions des masses de choses en une année." (p.13)
C’était l’époque aussi où Gertrude Stein découvrait des inconnus ; Apollinaire, Satie, René Crevel, devenait l’inspiratrice de la nouvelle littérature américaine de l’entre-deux-guerres, inventant le nom de "Génération perdue" ( - allusion à cet héritage de valeurs plus d’usage dans le monde d’après-guerre - dont elle fait la remarque à Hemingway ; "Vous êtes tous une génération perdue", qui en fit l’épigraphe de son roman Le soleil se lève aussi / The Sun also Rises, 1926). Elle contribua à faire lire Hemingway (qu’elle influença beaucoup à ses débuts), Dos Passos, Ezra Pound, Fitzgerald, T.S. Eliot..., écrivant elle-même, dans le style répétitif qui était sa marque, aussi bien prose que poème, pièces de théâtre, portraits, manifestes, bouleversant à la fois la tradition de la langue littéraire anglaise et les distinctions entre les genres. Sa vie fut excentrique, son oeuvre, multiple. Alice, qui la connaît mieux que personne, nous dira le fin mot de l’histoire :
"Depuis quelque temps, beaucoup de gens et même des éditeurs sont venus prier Gertrude Stein d’écrire son autobiographie, et elle a toujours répondu : "Impossible". Elle s’est mise à me taquiner, et à me dire que je devais écrire mon autobiographie. "Pensez, mais pensez donc, dit-elle, quelle masse d’argent vous gagnerez". Elle s’est mise à inventer des titres pour mon autobiographie (...) Il y a six semaines environ, Gertrude Stein m’a dit : "On dirait que vous n’allez jamais vous décider à écrire cette autobiographie. Savez-vous ce que je vais faire ? Je vais l’écrire pour vous. Je vais l’écrire tout simplement comme Defoe écrivit l’autobiographie de Robinson Crusoé." C’est ce qu’elle a fait et que voici. (p. 263-264).fondation

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