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EVGUENI KISSIN


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Né en 1971, Evgueni Kissin, enfant prodige qui commença le piano à 2 ans, était encore adolescent quand il entama, au milieu des années 80, une immense carrière internationale. Il a joué avec les plus grands chefs et orchestres et a enregistré une impressionnante discographie saluée par la critique. Chaque récital de ce pianiste talentueux est un véritable événement.

L’entrée en scène de Kissin n’est pas sans rappeler celle de Sokolov : hâtive, décidée, directe. Un bref salut au public et…en selle ! Ici, rien de ces artifices propres à certains cavaliers du clavier : bras ballants avec pseudo décontraction digitale accompagnée d’exercices respiratoires. A peine assis, la longue chevauchée solitaire commence, rythmée de souples inclinaisons du buste et de la tête qui encense le clavier, fantastique parfois quand traversée d’éclairs, de rafales ou de bourrasques. Mais l’artiste, sensible sans doute aux reproches qui lui ont souvent été adressés de privilégier par trop la seule virtuosité au détriment de la « couleur » et du chant, sait aujourd’hui teinter son ciel de tons pastels, de lueurs de couchant, et l’homme pressé sait aussi prendre son temps, quand la chevauchée fantastique, aux horizons crépusculaires d’Impitoyable s’épuise « molto tranquillo » sur la route de Madison. resmusica

Riche d’une carrière d’un quart de siècle, Evgueni Kissin a acquis une maîtrise technique telle qu’aucune œuvre ne semble lui résister, ce qui lui permet de se consacrer pleinement au texte pour en extraire toute la substance. Aussi s’attend on légitimement, en sa compagnie, à entendre toute la musique recelée dans et entre les notes et non pas à un spectaculaire et superficiel show destiné à épater le bourgeois.


Dans la Neuvième Sonate de Schubert, attaquée à peine les applaudissements estompés, il rend indéniablement le caractère versatile de cette musique, ainsi que la douleur méditative de certaines pages. Si le discours est conduit avec science, ce qui se remarque en particulier dans l’Andante molto, l’interprétation de Kissin se révèle par moments maniérée. Bien que le vivant intensément, il communique peu son Schubert et relègue cette sonate au rang de bel objet dont on peine à être ému.


Son Beethoven est par contre plus convaincant et ce n’est qu’avec ces Variations sur un thème original que l’on se rend compte à quel point Evgueni Kissin est parvenu à allier maîtrise technique et lecture philologique élaborée. Portant une attention à chaque note, au point qu’aucune d’elles ne semble isolée et inutile, et donnant une forte cohérence à cette succession d’épisodes, le pianiste russe met en lumière les contrastes de cette partition. S’il ne fait aucune économie de sa puissance dans les Variations de caractère extérieur, il esquisse avec finesse les lignes mélodiques des moments plus intérieurs.


Splendidement déclamés, les Klavierstücke de Brahms bénéficient d’une lecture fougueuse et passionnée. Conscient de la richesse expressive de ces pages, Kissin pénètre une fois de plus au cœur de la musique, mais si les passages Andante sont joués avec une certaine retenue, option tout à fait défendable au demeurant, d’autres souffrent par instants d’un jeu trop tranchant et aux accents exagérément marqués, surtout dans les forte.


Evgueni Kissin entretient une relation très étroite avec Chopin dont il est un interprète reconnu, et ce pratiquement depuis l’enfance (il donne au concert et enregistre à l’âge de treize ans les deux concertos du compositeur). L’Andante spianato et Grande polonaise brillante sonne sous ses doigts de façon très idiomatique mais si le chant n’est jamais sacrifié, son interprétation reste trop souvent démonstrative.


Ne se départant jamais de sa dégaine d’ancien enfant prodige et de son allure de génie solitaire et maladroit, Evgueni Kissin, esquissant à peine quelques sourires au public ravi, saluera ses différentes prestations de façon raide et mécanique, selon une séquence, semble-t-il, immuable depuis des années. Il aura droit, une fois n’est pas coutume, à une standing ovation et conclura la soirée avec une transcription de Carmen donnée de façon spectaculaire, mais non sans esbroufe. Sébastien Foucart

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