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ABRAHAM DE COLOGNA


GRAND RABBIN
SANHEDRIN
CONSISTOIRE






LE GRAND RABBIN ABRAHAM VITA DE COLOGNA (1754-1832)

Abraham Vita DE COLOGNA est né à Mantoue en Lombardie, Italie, le 25 septembre 1754.

Son père Samuel fut le préposé des Juifs de la ville de Mantoue de 1758 à 1788. Samuel était lui-même le fils de Léon Benedetto. La famille de COLOGNA est signalée dans cette ville depuis 1581, date à laquelle on trouve la trace de Juda Sinaïe de COLOGNA (Histoire des juifs du duché de Mantoue de Simonsohn). Ce nom vient de la ville de Cologna en Vénétie. Sa mère était Benedetta Bonna TRABOTTI. Les origines de la famille TRABOTTI viendraient de Trévoux en Bourgogne, ville dont les juifs ont été expulsés en 1488.

Abraham DE COLOGNA fit très tôt des études de théologie judaïque et de philosophie. Il devint grand rabbin de Mantoue et membre du prestigieux collège électoral des Dotti (des Doctes) dans la même ville.


En 1789, les rabbins de Mantoue, Abraham de COLOGNA et Salomon NORSA, publièrent un recueil de prières et de poésies en hébreu avec une traduction en italien pour célébrer le succès de l’armée de Joseph II (empereur d’Autriche-Hongrie) devant Belgrade. C’est sans doute sa première apologie connue faite à un souverain. On verra qu’il y en eut beaucoup d’autres. On reproduit ci-dessous l’une des pages de l’ouvrage que l’on peut trouver à la librairie du Congrès à Washington.

Abraham appartint au corps législatif de la République Cisalpine créée par Napoléon Bonaparte en juillet 1797. Il représenta la ville de Mantoue au congrès réunissant des juifs à Lyon en 1801.

Au retour d’Austerlitz, Napoléon fut sensibilisé à la situation des juifs après avoir reçu à Strasbourg les 23 et 24 janvier 1806, les doléances à leur encontre des notables de cette ville. D’abord très en colère contre les Juifs, il décide de prendre une attitude plus positive. Il décida de réorganiser le judaïsme afin d’en faire une religion plus qu’un peuple. Malgré ses sentiments assez antisémites, il veut soigner son image. Il commence par réunir des représentants désignés par les préfets des juifs de France de Rhénanie et d’Italie.

Abraham fit partie en juillet 1806 de cette Assemblée des Notables, assemblée générale des israélites Français et Italiens, présidée par Abraham FURTADO, bordelais connu pour avoir été l’un des chefs des girondins et réformiste.

Moise Bloch écrit dans « l’Histoire des juifs », tome V p.330 :
« Les délégués de France étaient déjà réunis quand arrivèrent ceux d’Italie. Le plus important était Abraham de COLOGNA rabbin de Mantoue. COLOGNA se distinguait ni par sa science talmudique, ni par ses connaissances profanes, mais il était d’un extérieur imposant et possédait un remarquable talent d’orateur. Il manifestait des tendances libérales et croyait nécessaire, lui aussi d’essayer de rendre plus fréquents les rapports entre les juifs et les autres croyants pour faire sortir ses coreligionnaires de leur isolement. »

La question à débattre était en fait « le judaïsme est-il compatible avec le droit commun, en particulier pour la conscription et les mariages mixtes ? » Si la réponse a été favorable à la première question, elle le fut beaucoup moins à la seconde.

Le 23 août, Napoléon décida de réunir l’année suivante un grand Sanhédrin dont le but était d’entériner les réponses de la Grande Assemblée pour leur donner d’avantage de légitimité auprès de la communauté juive.

Le Grand Sanhédrin, souvenir de l’institution qui régissait la vie du peuple juif à l’époque du premier et second temple, était composé d’abord de 71 membres auxquels se sont ajoutés d’autres représentants d’Allemagne et des Pays-Bas trois jours plus tard. L’assemblée comprenait 45 rabbins. Abraham revenu en Italie fit donc de nouveau le voyage, en tant que représentant du Mincio, en compagnie d’un autre rabbin italien Josué SEGRE de Verceil en Piémont.

L’assemblée se réunit la première fois le 9 février 1807 toujours à proximité de l’Hôtel de Ville à Paris. SEGRE allait devenir 1er assesseur et COLOGNA deuxième assesseur de cette assemblée présidée par l’alsacien David SINZHEIM. Dés le premier jour, selon le compte rendu officiel :

« M. de COLOGNA, second assesseur, a prononcé en italien le discours….traduit avec autant de goût que de fidélité par M. le Président FURTADO ; la chaleur du style, le ton ferme et persuasif de l’orateur, ont causé un enthousiasme général parmi les assistants, au nombre desquels se trouvaient des personnes distinguées de toutes les classes. Le temple avait été décoré avec élégance et noblesse par les soins et le zèle de M.Aaron SCHMOLL, député de la première assemblée et membre laïque du grand Sanhédrin ».

Il faut citer le discours dont on retiendra quelques éléments avec les emphases de l’époque qui seront continuées quelque soit le régime en place :

«Il est donc vrai, dis-je, que le génie prodigieux de l’immortel Napoléon, émanation de l’esprit vivifiant de l’éternelle sagesse, rappelle à une nouvelle existence les membres desséchés et désunis des restes d’un peuple aussi célèbre par ses malheurs qu’il l’avait été par son ancienne gloire ! Grand Dieu ! Votre bonté suprême me permet donc aujourd’hui, Ezéchiel nouveau d’être le témoin et l’admirateur de la résurrection qui s’opère…. Israël, te voilà rendu à la vie par un de ces changements merveilleux que pouvait seul opérer, dirigée par une main divine, la main puissante du plus grand monarque de la terre !... Et quel est le moyen de lui manifester par des faits la gratitude de nos cœurs ? S’il en peut exister un, c’est d’encourager de toutes les forces de notre esprit la jeunesse d’Israël à courir en foule vers la carrière militaire, sous ses glorieuses enseignes ; à offrir ; à exposer, à sacrifier à l’envi son sang et sa vie pour le service de notre Régénérateur... »

Abraham prêta serment d’obéissance aux Constitutions de l’Empire et de fidélité à l’Empereur, le 10 novembre 1808, devant le préfet de police de la Seine, à l’Hôtel de ville de Paris.

Abraham fut nommé en 1808 l’un des trois rabbins du premier Consistoire central.

Abraham tint la présidence du Consistoire central, de 1812 à 1826. Constitué au départ par trois rabbins et deux représentants laïcs nommés par le pouvoir, le consistoire passe progressivement sous le contrôle des laïcs : les grands rabbins SINZHEIM et SEGRE meurent, en 1809 pour le premier et en 1812 pour le second, laissant seul le Grand rabbin Abraham de COLOGNA. Le seul grand rabbin présent au consistoire portera ensuite le titre de Grand Rabbin de France.


Abraham laissa un certain nombre de textes dont des discours à la gloire immodérée du pouvoir en place ce qui, à cette époque, réclamait des idées très souples et un extraordinaire sens de l’équilibre, sinon de l’oubli.

Abraham demanda sa naturalisation en tant que Français à l’administration royale, en février 1815, soit quelques jours avant le débarquement de Napoléon le premier mars au golfe Juan. Et Abraham put acquérir la nationalité française par ordonnance royale, le 7 février 1816.

Après sa démission en 1826, Il quitta Paris et la France pour occuper les fonctions beaucoup moins prestigieuses que celles qu’il occupait de premier rabbin à Trieste. Il chercha à expliquer cette décision surprenante dans une lettre adressée aux israélites français. Il serait vain de rechercher dans ce texte la vraie raison de son départ. On peut penser qu’il était un peu las des controverses fréquentes dont on trouve la trace sans doute atténuée en parcourant les registres et compte rendus du consistoire central.
Abraham mourut à Trieste, le 24 mars 1832.

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