Plan general : famous jews

STEFAN LUX


PORTRAIT
UN
SDN
GENEVE
PALAIS DES NATIONS
CIG
AMEN




Photo: Jean Plançon ©
Photo 2©








Stefan Lux (né le 11 novembre 1888 à Vienne et mort le 3 juillet 1936 à Genève) est un homme de lettres juif tchèque, qui s'est suicidé en pleine session de la Société des Nations en 1936 pour alerter le monde des périls de l'antisémitisme allemand.


"Sir Eden
Quand un homme prend la parole avant la mort qu'il a choisie librement, après mûre réflexion, il a le droit d'être entendu. Même quand il s'adresse au représentant d'un puissant Empire de cette terre.
Permettez-moi alors, Sir Eden, de laisser de côté tout ce qui peut concerner ma personne sans importance; sans les circonstances exceptionnelles de ma mort, je serais peut-être aussi qualifié pour m'adresser à vous, permettez-moi donc d'entrer immédiatement dans le vif du sujet...
Je crois qu'il m'est permis d'affirmer que j'exprime la conviction profonde non seulement des hautes personnalités réunies ici, mais aussi, et surtout, de la très grande majorité des Nations qu'elles représentent : je vous demande, Sir Eden : Liquidez le plus vite possible le problème italo-abyssin, écartez tous les obstacles de procédure et autres, abrogez les sanctions contre l'Italie, établissez la paix complète avec l'Italie et gagnez par là une coopération totale sur les problèmes brûlants de l'Europe.
Car il y a un problème important et urgent; il n'y a aucun travail qui ne puisse être interrompu devant ce problème et on n'a plus le droit de perdre de temps; la solution rapide, nette et énergique ne doit pas être retardée de semaine en semaine, ni même de jour en jour.
Ce problème unique… c'est l'Allemagne.
Sir Eden, quand les derniers mots d'un homme qui confirme par sa mort publique sa foi en l'homme et son angoisse pour les hommes, sa conviction la plus intime et la plus sacrée, parce qu'il ne voit pas d'autre moyen pour se faire entendre par les gouvernants, si ces mots, cette voix désespérée, méritent qu'on les croie, alors, Sir Eden, croyez-moi.
Dans un an, dans six mois peut-être, vous serez devant des ruines, dans le sens le plus strict, le plus vrai de ce mot – devant des ruines fumantes, et aussi devant les ruines de votre patrie.
C'est la dernière, la toute dernière minute, Sir Eden. La plus terrible explosion du monde est imminente si nous n'agissons pas immédiatement, pendant cette session, je n'aurais pas l'audace, Sir Eden, de vous donner des conseils, à vous, homme d'État dirigeant de Grande-Bretagne…
Mais il est des circonstances qui se laissent expliquer moins par la politique que par les motifs humains…
Que l'Allemagne se réarme au mépris des accords internationaux comme aucun État ne l'a jamais fait, on le sait dans toutes les chancelleries d'Europe, et vous le savez probablement, Sir Eden, mieux que quiconque. Mais vous ne voulez pas voir ce fait terrible, Sir Eden. Vous ne voulez pas y croire. Vous espérez toujours empêcher le malheur parce que vous croyez aux retentissantes déclarations pacifiques du gouvernement allemand. Et vous y croyez car vous ignorez une chose. Et si vous la pressentez, vous la refusez, vous ne la laissez pas pénétrer votre conscience de même qu'elle n'a pas encore pénétré la conscience de votre nation. Cette chose la voici :
Le gouvernement allemand, le groupe, qui dirige aujourd'hui sans scrupules le destin de la nation allemande, est composé sans exception de criminels.
Quand un homme tente désespérément, en ultime sacrifice, d'arrêter une catastrophe mondiale, il ne doit pas craindre d'appeler par leur nom des choses à peine murmurées dans l'Europe officielle.
Je ne dis pas, Sir Eden, je crie tout haut : vous avez affaire en Allemagne, à des criminels ! Les partenaires allemands avec lesquels vous traitez, vous discutez, vous échangez des notes, sont des criminels… Des êtres moralement et psychiquement dégradés présentant tous les traits caractéristiques des bandits les plus corrompus. Leur casier judiciaire fort chargé, est parfaitement connu.
Comment ce groupe de criminels notoires a-t-il pu prendre le pouvoir, grâce à une escroquerie à une vaste échelle et sans précédent, les historiens futurs auront la tâche de l'expliquer…
Ces gens se moquent du fair-play, auquel votre pays, Sir Eden, semble tenir toujours…
Et parce que l'Angleterre a cru aux manœuvres allemandes, parce qu'elle s'est toujours laissé persuader, le monde a hésité et a attendu, le crime a grandi et il a pu devenir si grand qu'il menace aujourd'hui le monde entier.
Sir Eden, je vous demande, avec mes dernières forces, regardez les faits en face…
Prenez l'initiative, réagissez, agissez. Et si votre cabinet ne comprend pas ce que veut dire une vraie politique humaine, abandonnez tout. Je ne parle pas en dilettante, une menace extraordinaire justifie des moyens extraordinaires. Présentez-vous devant votre jeune roi, devant votre nation et éclairez-les.
Je voudrais croire profondément que ce miracle se produira; que la mort d'un petit écrivain à peine connu répandra un peu de clarté et de vérité…
Avec mon sincère et respectueux dévouement.

Stefan Lux"

Lors de l'enterrement au cimetière de Veyrier, une grande foule et des personnalités sont présente. Robert Dell, rédacteur au Manchester Guardian et président de l'Association internationale de la Presse accréditée à la Société des Nations, termina les hommages ainsi : « Stefan Lux, que pouvons-nous dire de votre geste ? Geste inutile peut-être, mais geste héroïque, geste d'abnégation suprême. Nous pouvons au moins assurer devant votre cercueil, que nous n'abandonnerons jamais la cause de la solidarité humaine, pour laquelle vous avez sacrifié votre vie, et que nous ne serons jamais neutres devant le crime ».
Un mois plus tard, tandis que naissait le Congrès juif mondial dans la salle même où s'était suicidé Lux, Nahum Goldmann déclarait : « On édifiera un jour, en Allemagne, des monuments à la mémoire de Stefan Lux ».

En rendant hommage à sa cause mais en condamnant son geste, Léon Savary, concluait : « Les hommes capables de lutter pour la justice ne doivent pas se tuer, ils doivent rester à leur poste ».Bio wiki

Le grand rabbin de Genève, Salomon Poliakof, arrive sur la demande de Lux. Et, après avoir décliné son identité hébraïque – Schmuel Mosche ben Abraham – il demande à être enterré parmi les Juifs. Le docteur Jentzer tente l'impossible mais Stefan Lux succombe le soir même à neuf heures. Il repose au cimetière israélite de Veyrier (canton de Genève).

Et si un jour vous allez au cimetiere de Veyrier n'oubiez pas de rendre Hommage a Stefan Lux pour que justement il ne soit pas mort pour rien.

Je remercie la Communauté Israélite de Genève, sise 21 avenue Dumas, 1206 Geneve, Suisse. Ainsi que M. Jean Plançon pour leur aide .

On pourra consulter les liens suivants se rapportant a l'ouvrage de Jean Plançon:
Extraits de l'ouvrage :
"Histoire de la communauté juive de Carouge et de Genève »
Jean Plançon Histoire des Juifs de Carouge et de Genève
Notices biographiques: Rabbins de Genève depuis 1789
Notice biographique sur l'architecte Julien Flegenheimer.

3 commentaires:

marcel a dit…

Concernant les Photos de Jean Plançon:

Toute diffusion, notamment à des tiers, pour quelque nature que ce soit, est soumise aux droits d'auteur et à l'autorisation préalable de l'ayant droit..

marcel a dit…

Qui pourra m'aider a trouver une photo de Stefan Lux?

marcel a dit…

Parution le 5 octobre 2010 du deuxième volume de "
Histoire de la communauté juive de Carouge et de Genève, 1900-1946 ", aux .
éditions Slatkine

Dans cet ouvrage,Jean Plançon consacre un chapitre à Stefan Lux,
on y trouvera notamment une photo de Stefan Lux (rarissime), à l'époque où il travaillait pour le Prager Presse de Vienne.
On peut commander l'ouvrage chez l'éditeur; mais il sera aussi disponible vers novembre sur les sites internet français comme Amazon, FNAC, ou Alapage.




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