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DAVID GANS


HISTOIRE











David Gans (1541-1613) et son Tsémah David (1592) (Germe de David).
Ce qui frappe après cette longue série de chroniqueurs et d'historiographes juifs d'Orient et d'Europe, c'est l'absence de références purement allemandes ou polonaises, c'est-à-dire ashkénazes, comme si l'histoire ne suscitait guère d'intérêt parmi les juifs de l'ère culturelle et linguistique germanique. David Gans vient justement combler cette lacune. Esprit ouvert sur le monde qui l'entourait, ayant étudié à Bonn avec Ruben Fulda, à Cracovie avec Moïse Isserlès, à Prague avec le Maharal et à Francfort sur le Main avec Eliézer Trèves, ce sage mort au début du XVIIe siècle a incarné l' "honnête homme" juif de son temps : enraciné dans la tradition religieuse de ses pères mais soucieux de se familiariser avec la socio-culture de son temps mouvementé en raison des soubresauts de la Réforme. Alors que les juifs du pourtour du bassin méditerranéen avaient fourni depuis le Moyen Age des dynasties de traducteurs et d'adaptateurs de textes philosophiques gréco-musulmans, comme le montre le grand livre de Moritz Steinschneider (Die hebräischen Überseztungen des Mittelalters und die Juden als Dolmetscher, Graz, 1896), les juifs d'Europe centrale et orientale étaient restés à l'écart de ce vaste mouvement d'idées. Contrairement à cette tradition, David Gans s'intéressa aux disciplines scientifiques, notamment à l'astronomie, ce qui le rapprocha de savants chrétiens tels Tycho Brahé et Jean Kepler. Son ouvrage à caractère historiographique, Tsémah David (Germe de David) se compose de deux parties:

a) 1 une chronique juive, à proprement parler, qui va d'Adam à l'époque contemporaine, avec des listes d'autorités rabbiniques et des titres d'ouvrages. Dans ces développements, Gans se rattache aux ouvres de ses prédécesseurs les plus prestigieux tels Ibn Daoud et Zaccuto, refusant cependant tout renvoi à Azariah de Rossi dont la méthode comparatiste et l'approche critique le heurtaient.

b) une histoire universelle écrite à partir de chroniques générales, notamment allemandes, et où l'auteur, fidèle à sa formation mathématique et scientifique, suit rigoureusement l'ordre chronologique.

Il est intéressant de jeter un coup d'oil sur la méthode de Gans , telle qu'il la décrit dans son introduction au Tsémah David : Rendant hommage à l'oeuvre de ses devanciers (Shérira, Joseph ha-Cohen, Abraham Zaccut et Gedalya ben Yahya) Gans reconnaît aussi la dette contractée envers eux. Mais il énonce trois raisons qui justifient son entreprise : aucun auteur n'avait encore respecté aussi scrupuleusement que lui la chronologie ni noté les événements de chaque année. L'auteur a développé de son mieux la période hasmonéenne, offrant bien plus d'informations que tous ses prédécesseurs. Il présente enfin une nomenclature très vaste de la période des géonim. Gans doit aussi justifier aux yeux des lecteurs juifs son recours à des sources extérieures à la tradition. Cela s'avérait indispensable pour retracer l'histoire des quatre royaumes (babylonien, perse, grec et romain). Cependant, les sujets ayant trait au Dieu vivant (histoire juive) seront soigneusement distingués des sujets profanes. Au-dessus de chaque paragraphe Gans indique qu'il signale l'année des événements traités. C'est effectivement ainsi qu'il agit en présentant des notices bio-bibliographiques , celles de Moïse Isserlès et de Salomon Louria, par exemple dont il signale les oeuvres et vante les mérites.

En soulignant que la Tora (Deutéronome 4 ; 32 et Jérémie 18) nous incite à nous intéresser à l'histoire, l'auteur note que "les événements relatés dans ce livre témoignent abondamment en faveur de la providence divine", ce qui montre bien que l'Histoire continue de jouer un rôle ancillaire. Dans un passage fort intéressant, Gans tire un certain nombre de leçons de l'histoire : si un homme accède à une situation de grandeur et de puissance il se doit de rester humble car tant de grands monarques ont fini misérablement : plus de cinquante empereurs moururent par l'épée, d'autres furent empoisonnés tandis que d'autres furent acculés au suicide. Il ne faut jamais sous estimer ses ennemis : l'histoire regorge d'exemples où de petites nations ou des individus apparemment impuissants sont venus à bout de beaucoup plus forts qu'eux. Enfin, Gans aborde la position des juifs dispersés au sein des nations : jusqu'ici nous ne pouvions pas répondre aux questions des Gentils, écrit-il, mais avec l'ouvrage Tsémah David, la situation va changer et les juifs sauront réagir. Gans consacre des notices à des monarques aussi différents que l'empereur Henri II, Frédéric II et Genghis Khan.

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