Plan general : famous jews

SAUL BELLOW

PRIX NOBEL 1976
SOCIETY
BIO
MEMOIRE
Allan Bloom












"Il ne faut pas oublier avec quelle rapidité les visions du génie deviennent des mets en conserve pour intellectuels." - Herzog

"Nous tendons à croire aujourd'hui que l'intensité de la passion est forcément perverse." - Retour de Jérusalem

"Plus les individus sont détruits, plus grand est leur désir de se rattacher à une collectivité." - Herzog


Né à Lachine (Québec) le 10 juin 1915
Décédé à Brookline (Massachusetts) le 06 avril 2005

L’écrivain de l’autre Amérique

Saul Bellow fait partie de l'imaginaire américain: son personnage est celui de l'intellectuel juif qui se méfie des idées, travaillé par ses désirs, et dont les tribulations sont métamorphosées en comédie burlesque par un narrateur qui porte sur le monde et sur lui-même un regard décalé.akadem



Né le 10 juin 1915 à Lachine (Québec) de parents juifs orthodoxes récemment émigrés de Russie, Saul Bellow, de son vrai nom Solomon Bellows, s'installe avec sa famille en 1924 à Chicago, qui deviendra sa ville d'élection. Il suit des études de sociologie et d'anthropologie, abandonnées à l'âge de 22 ans pour devenir professeur de littérature. Son premier roman, L'Homme de Buridan -- ou L'Homme en suspens selon les traductions -- (The Dangling man, 1944), écrit pendant la guerre et prolongé l'année suivante par La Victime (The Victim, 1945), doit une bonne part d'inspiration à Franz Kafka et à son propre parcours biographique. Les deux romans se penchent sur les relations entre Juifs et Gentils et tracent le portrait d'un jeune intellectuel torturé par sa conscience et écrasé par la fatalité de la guerre, les problèmes familiaux et les préjugés sociaux.
Saul Bellow rencontre le succès en 1953 avec la publication d'un roman picaresque racontant l'enfance à Chicago d'un juif pauvre, Les aventures d'Augie March. Suivront une trentaine de romans dont entre autres Au jour le jour (1956), Le Faiseur de pluies (1959), Herzog (1964), La Planète de M. Sammler (1970), Le Don de Humboldt (Prix Pulitzer, 1975), L'Hiver du Doyen (1982), Ravelstein (2000), etc... , où il forge l'archétype de ses héros, intellectuels juifs immatures, introspectifs et tourmentés qui tous vivent les aventures tragi-comiques d'un quotidien dérisoire. Saul Bellow s'impose avec un style brillant, ironique, caustique, versatile et riche d'une étonnante invention verbale tirée d'un mélange des littératures et des langues qu'il pratiquait: le yiddish, l'hébreu, l'anglais et le français. Herzog, autobiographie d'un Juif Américain névrosé des années 60 aux prises avec les femmes, le sexe et le monde contemporain est devenu un best-seller. Son dernier roman, Ravelstein (2000) est un autre récit d'inspiration biographique qui raconte les dernières années de la vie d'un homme par l'un de ses amis juif. Ce livre lui a toutefois valu quelques critiques acerbes car il trace, certes avec humour, mais sans élégance, le portrait de son "ami" philosophe Allan Bloom.
Saul Bellow est également l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles comme La journée s'est-elle-bien passée (1984) ou Le Coeur à bout de souffle (1987) et de pièces de théâtre, qui ne connûrent aucun succès, comme La Dernière Analyse (1964) ou Trente-sixième Dessous (1966). Il a aussi publié de nombreux textes et critiques littéraires dans le New York Times Book Review, Esquire, Playboy, Harper's Bazaar, The New Yorker ou encore The New Republic.
Cumulant les prix littéraires, Saul Bellow a été trois fois lauréat du National Book Award et a reçu le prix Pulitzer ainsi que le prix Nobel de Littérature, en 1976, par un jury qui récompensa sa "maîtrise exemplaire des sujets et de la forme", estimant notamment que son roman Au jour le jour (1956) était déjà un "classique du XXème siècle". En 1968 l'écrivain juif a également été récompensé en France par la médaille des Arts et Lettres et en Israël par le B'nai B'rith Jewish Heritage Award.
Décédé le 5 avril 2005 à l'âge de 89 ans, Saul Bellow était sans conteste l'un des plus grands maîtres de la littérature juive-américaine avec Philip Roth, Isaac Bashevis Singer et Bernard Malamud.( sans oublier Cynthia Ozick ) Cinq fois marié, il était père de quatre enfants, dont une fille qu'il a eue à l'âge de 84 ans.
La République des Lettres



A propos du judaïsme, il fait dire à son personnage Von Humboldt Fleisher qu’il n’aime pas aller en Europe où on le regarde comme un juif américain, tandis qu’en Amérique il est juste un américain juif. Pour autant, Bellow n’entend pas rester sourd à sa culture et du peuple juif, il fait, non sans provocation, le « témoin historique de l’absence de rédemption ». Peuple non dialectique, il se marie mal avec les grandes synthèses mythologiques, il en est même souvent absent, mais gare quand il y est présent, comme dans la Bible, on ne voit que lui ! « Pourquoi les juifs auraient-ils le moindre commerce avec le mythe ? C’est le mythe qui les a toujours diabolisés ! » dit Ravelstein. C’est avec beaucoup de discrétion que les auteurs juifs américains se sont penchés sur la Shoah et ont commencé à en parler eux-mêmes dans leurs écrits. Bellow a attendu de visiter Auschwitz avant de dire quoi que ce soit sur le génocide. Dans la Planète se M. Sammler , il s’élève contre Hannah Arendt et sa thèse selon laquelle les bourreaux nazis étaient des êtres parfaitement normaux « qui commettaient des crimes dans des circonstances telles qu’il leur était impossible de savoir ou de sentir qu’ils faisaient le mal. » Pour Sammler, les nazis savaient ce qu’ils faisaient : « C’est une connaissance humaine très ancienne. Défier cette notion antique n’est pas une banalité. » Claude Lévi, dans son étude sur Bellow ajoute que Eichmann lui-même « s’était trouvé mal en marchant sur une fosse commune d’où le sang continuait de suinter. »

En épousant le destin de son peuple, Saul Bellow chausse aussi la casquette d’ « intellectuel juif », terme qui pour beaucoup a pris valeur d’euphémisme pour désigner l’idiosyncrasie qui excite tant les antisémites, flirtant volontiers avec l’asocialité. Bellow comme ses épigones Roth, Mailer, Malamud, n’en a cure. Il a introduit sans complexe l’immanence de la judéité dans une œuvre tendue vers un universel transcendant. Double paradoxe de l’intellectuel en proie aux contradictions de la dialectique, et du juif de la diaspora qui se sait interstitiel. Cette fissure, cette ride, ce pli deleuzien, Bellow, dangling man, l’incarne dans sa chair et dans son âme. Il la fait sienne.boojum mag



"Voici comment je devins le roi de la pluie. C'était sans doute bien fait pour moi, cela m'apprenait à me mêler d'affaires qui ne me regardaient pas le moins du monde. Mais ç'avait été plus fort que moi, j'avais obéi à une de ces impulsions qu'il n'est pas question de combattre. Et dans quel guêpier m'étais-je fourré?" ratsdebiblio

1 commentaire:

Anonyme a dit…

1999 New York, Philip Roth :



” Je ne me remettrai jamais de la lecture des Aventures d’Augie March, de cette fantaisie, de ce rythme inouïs. C’était au début des années 50, j’avais une vingtaine d’années. La parution du roman de Saul Bellow m’a abasourdi et m’a rendu ambitieux. C’est LE grand roman américain de la seconde partie du XX ème siècle. Il a tout changé. Bellow, qui est devenu un ami très proche, avait réussi à absorber le plus de vécu américain en créant son propre langage, tout comme Céline. IL a déjoué les idées reçues en vertu desquelles la culpabilité et la déprime étaient kafkaïennes et il en a exalté l’exubérance à travers un récit picaresque, ce qui correspondait alors parfaitement à notre pays. Il a réussi ce pour quoi les Américains sont les plus doués, à savoir la description des lieux. On n’imaginait pas en 1953 que ce livre, moins euphorique qu’anxieux, aurait eu un tel impact sur la vie des gens. Bellow m’a émancipé. Avec Faulkner, il est la colonne vertébrale de notre siècle. Chacun sa moitié : le Sud d’un côté, Chicago et New York de l’autre.”




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