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CHARLES MOPSIK


ASSOCIATION














L’œuvre de Charles Mopsik fut entièrement consacrée au judaïsme, à son histoire et à sa signification. Pourquoi la kabbale avait-elle soudain fait ou refait son apparition lors des XIIe-XIIIe siècles, avec le livre du Bahir, suivi environ un siècle plus tard, par le Zohar ? Pourquoi un livre aussi différent d’inspiration que le Guide des égarés de Moïse Maïmonide se situe-t-il dans l’intervalle ? Ces trois œuvres marquantes du judaïsme médiéval ambitionnaient, chacune selon son mode propre, d’éclairer les lecteurs sur la signification à donner au judaïsme. Chacune recourait au symbolisme de la lumière : bahir; signifie éclatant, zohar signifie lumineux ou resplendissant, et le terme de Guide des égarés veut bien dire ce qu’il veut dire… Un peu à la manière de Moïse de Léon en personne, l’auteur de la partie principale du Zohar, qui se fit transcrire en son temps son propre exemplaire du Guide des égarés afin de s’en imprégner mais qui finit par s’en détourner, Charles Mopsik réédita lui aussi l’œuvre philosophique majeure du Maître de Cordoue, avant de se déterminer durablement pour ses concurrents idéologiques et religieux, les maîtres de la kabbale.
En entrant dans ce débat multiséculaire sur l’essence du judaïsme, Charles Mopsik a pris rang dans la prestigieuse lignée de ceux qui se confrontent au penser et au vécu d’Israël. Cette attirance pour l’occulte, le mystérieux, le caché, le sens profond, fait penser à une phrase du défunt grand maître des études kabbalistiques : Je crois, disait Gershom Scholem dans son autobiographie hébraïque (Devarim be go, Éditions Am Oved, Tel Aviv), qu’il existe un mystère indéchiffrable dans l’univers. Le judaïsme, plus exactement sa formulation ésotérique, serait l’une des tentatives de réponse à cette énigme.
Comment Charles Mopsik a-t-il pu se frayer, au tout début, un chemin vers les textes si ardus d’une tradition dont tout le tenait éloigné ? Voici une question à laquelle je ne peux répondre. On doit, cependant, évoquer l’envoûtement de certains passages zohariques issus de la plume de ce grand prosateur que fut Moïse de Léon – un écrivain que Charles Mopsik connaissait bien, puisqu’il sut comparer ses livres hébraïques signés aux textes du Zohar qu’il mit dans la bouche de son héros, Rabbi Siméon ben Yohaï. L’idra rabba et l’idra zutta (la grande et la petite assemblée) contiennent des phrases qui ne laissent personne indifférent. Lorsque la mort terrasse rabbi Siméon, le texte de Moïse de Léon s’écrie : « Terre ! Terre ! Ne te réjouis pas à l’idée de recouvrir de ta poussière Rabbi Siméon ! » La charge émotionnelle de telles envolées lyriques exerce sur le lecteur un envoûtement auquel il ne peut se dérober durablement. Fut-ce le cas de Charles Mopsik ? L’hypothèse n’est pas à exclure, même si l’auteur a su préserver son jugement et ne pas sacrifier la critique à l’admiration.verdier

Moshe Idel, depuis Jérusalem, le grand spécialiste international de la Cabale :

« Charles a été le meilleur des spécialistes européens de la cabale de notre génération. Il a su allier d’une façon exemplaire et avec une modestie rare, une grande originalité et une vaste érudition. Il a réalisé la médiation entre les cultures juives et françaises. Il a aidé tous ceux qui s’intéressent à la mystique juive avec dévouement et amitié. Il a été pour moi non seulement un grand savant et ami, mais aussi une partie intégrale du Paris culturel. Tous ses amis d’Israël et moi-même avons été marqués par la manière dont Charles a combiné une présence intellectuelle si forte avec une existence si solitaire. Nous nous associons à la grande douleur d’Aline, de Milca, Naomie et Hodia. »



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