RABBENOU GUERSHOM
METZ
DIVORCE
RACHI
HISTOIRE
Rabbenou Guershom ben Yehouda de Mayence (~960, Metz - 1028, Magenza) est considéré comme l'un des plus grands rabbins, talmudistes, légalistes et décisionnaires du monde juif, ainsi qu'en atteste son surnom Meor haGola (luminaire de l’exil). Il est souvent crédité comme le père du judaïsme ashkénaze.
On ne sait rien de ses parents, et peu de sa vie. Il est marié à Bonne fille de David, et leur fils, contraint à la conversion lors d’une persécution locale, meurt en apostat.
Ce qu’on sait par contre, c’est qu’il est un jalon primordial de l’histoire du judaïsme Ashkénaze à lui seul, à l'époque où les ashkénazes ne représentent que 3% de la population Juive mondiale. D’aucuns affirment même que ledit Judaïsme ashkénaze n’aurait jamais existé sans lui. D'ailleurs, Ashkenaz désignait exclusivement l'Allemagne. C'est parce que l'enseignement de Rabbenou Guershom en provenait et rayonnait dans toute l'Europe chrétienne (à l'exception de la Provence, l'Espagne et le Portugal) que le terme s'est généralisé au Judaïsme européen.
Les communautés juives établies en Europe avant son époque manifestent un attachement farouche à la foi ancestrale, ainsi que les missionnaires chrétiens ne manquent pas d’en faire l’expérience, mais ils sont probablement peu liés au centre culturel du Judaïsme, qui se trouve à Babylone.
Lorsque celui-ci commence à décliner, les savants migrent vers l’Europe méridionale.
Charlemagne, ou peut-être Othon II, prie le banquier Kalonymos de Lucques de l’accompagner en pays mosan, ce qui suscite la migration de grands maîtres, dont Meshoulam ben Kalonymos et Juda ben Meir haCohen, dit Rav Léon, Leoni ou Leontin, à Mayence, qui devient sous leur impulsion le centre le plus important du Judaïsme d’Occident.
Disciple de Juda ben Meir haCohen, Rabbenou Guershom manifesta probablement des dons précoces pour l’étude, et devint rapidement la plus grande figure de Mayence, maître incontesté de sa grande yeshiva, l’une des seules académies collégiales de l’époque (toutes les autres n’étaient souvent que le domicile d’un maître dont des disciples plus ou moins nombreux venaient recueillir l’enseignement). Cette yeshiva se distinguait également des autres par l’extrême ouverture d’esprit et de parole qui y régnait : bien que le dernier mot revienne toujours à Rabbenou Guershom, toute décision législative était discutée, voire remise en question, par tout un, du plus grand maître, comme les Rabbanim Jacob ben Yakar et Isaac ben Juda, au plus insignifiant étudiant.
Les étudiants affluent de toute l'Europe pour recueillir l'enseignement, et propagent son enseignement dans toute l'Allemagne, la France du Nord et l'Europe de l'Est. Moins d'un siècle après sa mort, Salomon de Troyes dit que "tous les membres de la Diaspora ashkénaze sont ses étudiants"
Deux accomplissements majeurs vaudront à Rabbenou Guershom le surnom de Meor haGola sous lequel il sera connu par la postérité, à savoir la Halakha et le commentaire du Talmud.
Il mourut à Mayence en 1028, et non en 1040 contrairement à la légende. 12 ans s’écoulèrent donc avant que le flambeau qui éclaire l’exil ne soit transmis à un enfant prodige champenois, Salomon fils du saint Rav Itzhak le Français, qui deviendrait le plus célèbre des Juifs de France, et peut-être du monde, Rachi.
Fixation de la Halakha
Son prestige en la matière est tel qu’on eut tendance à lui attribuer toutes les décisions dont l’auteur était inconnu. Au XIVe siècle, Rabbenou Asher ben Yehiel (le Rosh) écrit que les édits de Rabbenou Guershom fixent la Halakha de manière si permanente qu'ils pourraient bien provenir directement du Sinaï !
Néanmoins, seule une taqana (ou takkanah) lui est indiscutablement attribuable : l’interdiction de rappeler au pénitent sa faute, ce qui inclut l’interdiction de rappeler à un converti qu’il fut autrefois Gentil, et à un Juif converti sous la contrainte qu’il fut autrefois converti (s’il est toutefois revenu au Judaïsme).
Trois autres décrets célèbres lui sont attribués, et il en fut plus que probablement l'initiateur, mais ils furent édictés au nom des communautés de Spire, Worms et Mayence :
l’excommunication (Kherem)en cas de polygamie. Cette interdiction avait deux limites : elle ne s'appliquait à l'origine que dans les zones ou elle avait été édictée, et il était théoriquement possible d'y déroger avec l'accord de 100 rabbins de 3 « pays » (en fait, les 3 régions suscitées). La règle a fini par s'appliquer à toute les communautés ashkenazes[1].
l'excommunication en cas de répudiation de la femme sans son accord.
l'excommunication de cas de violation du courrier privé
Ces trois interdits sont considérés comme le ciment du Judaïsme ashkénaze jusqu'à nos jours.
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