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JOSEPH SUSS OPPENHEIMER


LE JUIF SUSS
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OPPENHEIMER


Joseph Süss Oppenheimer était un cousin de Samuel Oppenheimer, surnommé à Vienne "l'Empereur des Juifs", fondateur d'une dynastie de "Juifs de cour", financiers, conseillers, indispensables aux insatiables besoins d'argent des princes allemands. Joseph Süss était connu dans toute l'Allemagne du Sud pour ses talents de financier lorsqu'il rencontra en 1732 le duc de Wurtemberg. Cette rencontre fera sa fortune, sa gloire et, assez vite, sa perte. Il réorganise l'administration et les finances, manipule les monnaies, séduit les duchesses, protège ses coreligionnaires et ne dédaigne pas l'ostentation, ce qui lui vaut les haines des uns et des autres. Lorsque le Duc meurt quatre ans plus tard, il sert de bouc émissaire et est condamné à mort pour avoir - entre autres griefs - entretenu des relations charnelles avec des chrétiennes, dont, chevaleresque, il ne divulgue pas les noms. Une poignée de membres de la Communauté juive dérobe son cadavre sous le gibet pour l'enterrer rituellement.

« Jour de fête à Stuttgart que le mardi 4 février 1738 ! De la campagne alentour, la population du Wurtemberg déferle dans les rues. Aucun juif, toutefois. La ville leur a été interdite. Car c'est un juif qui est l'objet de la cérémonie macabre. Arrêté juste après la mort subite de son souverain, à la suite d'une infection pulmonaire, Joseph Süss Oppenheimer était en prison depuis la nuit du 13 mars 1737. Le tribunal l'ayant condamné le 13 décembre de cette même année à être exécuté, il est grand temps qu'il soit pendu.

Pourquoi cette condamnation ? Les juges ont estimé qu'il avait été l'âme noire de Charles-Alexandre. Selon eux, il a écrasé le peuple sous les impôts, favorisé la corruption. Et il a même fomenté un coup d'Etat contre l'Assemblée parlementaire des corporations, violant la Constitution, fondée libéralement sur le partage des pouvoirs.
Il fut question de lui imputer d'avoir attenté à l'honneur de nombreuses jeunes femmes. A cet effet, les juges pensèrent restaurer un arrêté tombé en désuétude qui châtiait les relations charnelles entre les juifs et les chrétiennes. Mais le risque de scandale était si grand que l'accusation de ce "péché de chair" fut abandonnée par le tribunal. Joseph Süss Oppenheimer fut exécuté, sous les cris de "Mort au juif !".

Dans le Wurtemberg, le juif Süss représente la figure emblématique de la dizaine de "juifs de cour" qui, au XVIIIe siècle, ont accédé au sommet des petits Etats allemands. Il était le fils du négociant Süsskind-Oppenheimer, devenu lui-même collecteur d'impôts du Palatinat et lié à l'un de ses coreligionnaires influents, Isaak Landauer. Le duc Charles-Alexandre lui confia, en 1733, la fonction de conseiller pour les finances.
Son drame vient de la politique qu'il est censé servir, avec la nécessité d'une administration modernisée et d'une nouvelle économie capitaliste, au profit du souverain. Alors que celui-ci, converti au catholicisme, est également entouré de conseillers catholiques, c'est sur lui, le juif, que la population protestante, travaillée par l'Assemblée parlementaire des corporations qui s'oppose à Charles-Alexandre, polarise ses récriminations. Elle le dénonce comme un "vampire", un "affameur", un "parasite". D'autant qu'il a accordé à la communauté juive le monopole du tabac. Pris dans une querelle de pouvoirs et d'oppositions religieuses, il finit par tomber, victime d'une machination ourdie par les dirigeants de l'Assemblée des corporations. Aucun pardon ne lui est accordé, dans la mesure où il refuse de se convertir au protestantisme.

De 1737 à 1739, libelles et brochures abondent contre le juif Süss. Puis le Souabe Wilhelm Hauff, le célèbre auteur des contes orientaux de La Caravane, lui consacre une nouvelle en 1827. Moyen de rendre hommage à son aïeul, le secrétaire du Conseil parlementaire Johann Wolfgang Hauff, défenseur des droits de l'Assemblée des corporations. Autrement dit, la tradition familiale prédisposait l'auteur à une vision protestante des événements et à un portrait peu sympathique du conseiller de Charles-Alexandre, présenté comme un étranger aux moeurs dissolues, instigateur d'une rupture dans le fonctionnement des institutions. L'ordre ne pouvait être rétabli, avec les séquelles d'un formidable séisme social, que par la mort de Süss, assimilé à Satan. Rien d'étonnant, donc, si nationalistes et racistes allemands, par la suite, s'en vont tirer de la nouvelle de Wilhelm Hauff l'image prétendument "vraie" du juif Süss. » (extrait d’un article de Lionel Richard, Le monde diplomatique, septembre 2001)

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