H. HEINE
ALLEMAND
POETE
LORELEY
ECRIVAIN
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Là ou l'on brule les livres ,
on finira par bruler les hommes
"Lore Ley" - 1824
Mon Cœur, pourquoi ces noirs présages?
Je suis triste à mourir.
Une histoire des anciens âges
Hante mon Souvenir.
Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant;
Seul, un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.
Là-haut, des nymphes la plus belle,
Assise, rêve encore;
Sa main, où la bague étincelle,
Peigne ses cheveux d'or.
Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez fuyez! la voix touchante
Ensorcelle le cœur.
Dans sa barque, l'homme qui passe,
Pris d'un soudain transport,
Sans le voir, les yeux dans l´espace,
Vient sur l'écueil de mort.
L'écueil brise, le gouffre enserre,
La nacelle est noyée,
Et voila le mal que peut faire
Loreley sur son rocher
Henri Heine, célèbre poète et écrivain, né à Dusseldorf, de parents juifs sans fortune, le 13 décembre 1797, mort à Paris , le 17 février 1856. Ses premières et ses plus importantes impressions politiques datent du temps où le pays rhénan se trouvait sous la domination anti-féodale de Napoléon (1806-1813). Il fréquenta le lycée de 1808 à 1814, pour entrer ensuite dans le commerce. Après des essais malheureux dans cette carrière (à Hambourg de 1816 à 1819), il se consacra, avec l’appui de son oncle, le riche Salomon Heine, de Hambourg, à l’étude du droit, dans les universités de Bonn, de Goettingue et de Berlin, où il suivit en même temps les cours de philologie germanique et de philosophie avec assiduité. Il se convertit au christianisme le 28 juin 1825, et passa son doctorat le 20 juillet de la même année à Goettingue. Il eut alors l’idée de s’établir avocat à Hambourg, mais des raisons demeurées inconnues la lui ayant fait abandonner, il vécut tour à tour à Londres, à Munich (1828, en qualité de rédacteur aux Annales politiques de Cotta), dans l’Italie septentrionale, particulièrement à Berlin et à Hambourg, jusqu’au jour où, en 1831, à la suite de contrariétés et de déceptions, il se rendit à Paris, qui était alors la Mecque du libéralisme. Les souffrances de cœur que, dans cette première période de sa vie, lui fit éprouver un amour malheureux pour sa cousine Amélie et, plus tard, pour Thérèse, sœur de cette dernière, eurent une influence profonde sur son développement poétique, et c’est sur ces expériences sentimentales que reposent la plupart de ses confessions lyriques. Malgré la nostalgie qui s’emparait de lui à Paris de fois à autres, il ne lui fut plus possible de revenir en Allemagne que pour un temps court, à l’automne 1843 et à l’automne 1844, à chacune de ces deux époques n’arrivant que pour repartir.
La Diète germanique, par un décret daté de décembre 1835, ayant condamné tous les écrits de la «Jeune Allemagne», dont Heine faisait partie, la situation pécuniaire de ce dernier se trouva fort compromise. Son principal revenu consistait en une pension de 4000 francs que lui servait annuellement son oncle Salomon, père d’Amélie et de Thérèse. En octobre 1834, Henri Heine avait fait la connaissance d’une Française, belle et bonne, sans instruction aucune mais d’humeur enjouée, Eugénie Mirat (2) (morte le 19 février 1883, à Passy), qu’il épousa le 31 août 1841, mariage qui fut consacré religieusement. Se trouvant dans une grande pénurie d’argent, il accomplit, en 1836 ou 1837, la démarche la plus grave de sa vie en sollicitant du gouvernement français une pension sur les fonds secrets, pension s’élevant à 4800 francs, qui lui fut servie jusqu’à la chute de la Monarchie de juillet, c’est-à-dire jusqu’en 1848.
En 1845, il fut atteint d’une affection de la moelle épinière qui, de 1848 à sa mort, le cloua sur son lit, son Matratzengruft . Malgré son état physique des plus misérables, il conserva une admirable fraîcheur d’esprit, et c’est alors qu’ont pris naissance certaines de ses plus importantes productions en prose. Son tour d’esprit malicieux ne le quitta point et son concept du monde devint plus profond, sous la discipline de la souffrance.
Heine débuta dans la vie littéraire par ses Gedichte (Berlin, 1822), que suivirent bientôt les Tragoedien mit einem lyrischen Intermezzo (1823). Ses Gedichte rencontrèrent le plus chaud accueil auprès des critiques éminents d’alors, tels que Varnhagen et Immermann, mais les deux premiers volumes des Reiserbilder (1826), augmentés, en 1830-1831, de deux autres volumes, eurent plus de succès encore…
Les poésies qu’il y avait fait entrer, Heine les redonna, jointes à d’autres antérieurement parues et à de plus récentes, dans le Buch der Lieder (Hambourg, 1827) qui, réimprimé sans cesse, a toujours été considéré comme un des plus rares trésors de la littérature allemande.
Une fois fixé à Paris, Heine entreprit d’être le médiateur intellectuel entre Allemands et Français. C’est ainsi que furent écrits : Beitraege zur Geschichte der neuen schoenen Litteratur in Deutschland (8) (Hambourg, 1833, 2 vol.) qui, à une nouvelle édition, prirent pour titre : Die romantische Schule (Hambourg, 1836); Franzoesische Zustaende (10) (Hambourg, 1833), collection d’articles écrits à Paris pour l’Allgemeine Zeitung d’Augsbourg, qu’il orna d’une préface des plus violentes contre la Réaction en Prusse; Der Salon (Hambourg, 1835-1840, 4 vol.), où il exposait d’une façon originale d’histoire de la religion et de la philosophie allemandes et, avec humour, la vie, la politique, le théâtre et l’art français , et où il publia des nouvelles humoristiques comme les Memoiren des Herrn von Schnabelewopski et Florentinische Nachte . Heine connut aussi, à Paris, les commencements du socialisme dans Saint-Simon et Enfantin, s’éprit de leurs doctrines qu’il fit aboutir étrangement à un sensualisme païen tout aux joies de la vie, opposé au spiritualisme judéo-chrétien. On remarque particulièrement des traces de cette théorie dans les écrits sur la littérature et la philosophie allemandes cités ci-dessus. Après un travail de moindre valeur intitulé Shakespeares Maedchen und Frauen (Paris et Leipzig, 1839), Heine publia un mémoire sur Ludwig Boerne (Hambourg, 1840) qui fit grand scandale et où, d’une façon des plus acerbes, il se déclarait l’adversaire absolu du « Nazaréen spiritualiste » qu’était Boerne. En dépit de tout son libéralisme, Heine était plutôt intellectuellement un aristocrate et ne pouvait avoir la moindre compréhension des convictions exubérantes de Boerne. À cette même époque il côtoya la politique dans ses Neue Gedichte (17) (Hambourg, 1844), dont les exquises romances sont parmi ses meilleurs productions. Dans son épopée satirique : Deutschland, ein Wintermaerchen (Hambourg, 1844), il se montra un nouvel Aristophane en même temps que dépourvu de tout sentiment patriotique, cependant que, dans son Atta Troll (Hambourg, 1847), il est tout à fait remarquable par ses descriptions resplendissantes et ses tendances saines et vraiment poétiques.
De sa chambre de patient, émana encore : Romanzero (Hambourg, 1851), qui contient ses plus belles ballades et ses plaintes les plus pénétrantes et où, dans un court épilogue, le poète confesse son retour au théisme; un ballet fantastique : Der Doktor Faust (Hambourg, 1851), et Vermischte Schriften (Hambourg, 1854, 2 vol.). De ses œuvres posthumes il n’a été publié que : Latzte Gedichte und Gedunken (Hambourg, 1869), et nombre d’années après sa mort, un fragment de ses Memoiren (Hambourg, 1884) se rapportant à ses jeunes années. On ne sait rien de certain sur le sort des autres parties de ce dernier ouvrage.agora
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