SAMUEL IBN NAGRELLA
IBN HAZM
HISTOIRE
BIO
ESPAGNE
Chant d'amour
Le baume est sur son visage et sur le fil de ses lèvres;
Mais, dans ses yeux et sous ses atours, c'est la mort.
Je souris, quand elle est complaisante; elle sourit, quand je me fâche.
Sa complaisance m'excite à moi; et, ma mauvaise humeur l'excite à elle:
Comme si je stimulais Sebi - elle croit, bien à tort,
Etre haïe de lui - à tourmenter ses flancs.
(Mérida 993 - 1055 ou 1056)
Grenade,une des plus anciennes colonies établies dès l'antiquité, semble avoir eu une population juive depuis la période de l'exil babylonien . A l'époque de la conquête berbère, le royaume de Grenade compte une grande communauté juive où de nombreux Juifs fuyant Cordoue ont trouvé refuge. Jusqu'en 1090, où les almoravides détruisirent ce qui restait de cette communauté et où la fameuse "Grenade des Juifs" cessa d'exister, la ville fut un important centre d'études juives et produisit d'éminents savants, philosophes et poètes. Samuel ibn Nagrela (993-1060), dit Samuel ha-Naguid, né à Cordoue, y reçoit une solide formation hébraïque et talmudique, ainsi que dans les sciences mathématiques et la,philosophie. Il parle plusieurs langues, possède parfaitement l'arabe et a un beau talent de calligraphe. De Malaga où il s'est installé, il est invité à Grenade et nommé vizir du roi Habbus, puis de son fils aîné Badis dont il appuie la revendication au trône.
En signe de gratitude, Badis donne à son vizir le plein contrôle de son royaume, que Samuel gouverne avec sagesse pendant plus de trente ans, menant de victorieuses campagnes contre le royaume de Séville et ses alliés, ou usant de son habileté diplomatique pour promouvoir ses intérêts politiques. Samuel répand un tel lustre sur les Juifs de Grenade qu'ils lui confèrent le titre de Naguid, ou Prince.
Poète doué , Samuel ha- Naguid compose des poèmes épiques sur la guerre et des poèmes lyriques sur l'amour et l'amitié. Il fait aussi l'éloge du vin , et chante les plaisirs ou les chagrins de la vie. Sa poésie a souvent des accents mélancoliques, notamment dans ses élégies qui pleurent la mort d'un ami ou les souffrances du peuple juif exilé et sa nostalgie de Sion.
La lecture des poèmes de Samuel étant très prisée dans les réunions littéraires ou mondaines, ses fils sont chargés de les recopier pour les faire circuler parmi les lettrés qui composent le cercle de ses amis. Tout en étant admiré pour son style cultivé et allusif, pour son talent technique et l' envergure de son répertoire, Samuel ha-Naguid n'a cependant pas la profondeur et la puissance de ses plus éminents contemporains.
Samuel ha-Naguid manifeste sa parfaite maîtrise de la science talmudique en composant une introduction à la méthodologie du Talmud et un compendium des halachot qui aura une influence considérable sur les halachistes postérieurs et sera
considéré comme un défi à la suprématie gaonique. Il compile aussi un dictionnaire d'hébreu biblique, Sefer ha-Osher, "Le livre des richesses" abondamment cité par les grammairiens et les commentateurs bibliques postérieurs.
Samuel ha-Naguid est en correspondance suivie avec de nombreux érudits de son époque, et entretient des relations amicales avec les dirigeants de communautés juives en Palestine et en Afrique du Nord. L'éloge funèbre en vers prononcé à sa mort proclame ses qualités princières. On disait de lui qu'il portait quatre couronnes: celles de la Torah, de l'ascendance lévitique, du haut rang et , par - dessus tout, de bonnes actions.
Son fils Joseph lui succède au double titre de vizir à la Cour et de Naguid juif. Mais dix ans après , en 1066, les puissants sentiments antijuifs attisés par les principautés arabes voisines provoquent son assassinat et un massacre des Juifs de Grenade. Sa famille et beaucoup d'autres membres de la communauté se réfugient dans la ville toute proche de Lucèna, jusqu'à ce que la vie juive reprenne son cours normal à Grenade.
Grenade est aussi la ville natale de Moïse ibn Ezra (1055-1135), un des poètes les plus prolifiques de l'école espagnole.
Son ouvrage faisant autorité sur la rhétorique et la prosodie hébraïque est une précieuse source pour l' étude de la poésie hébraïque médiévale. Désespérément amoureux de sa ravissante nièce, donnée en mariage à son frère Isaac, Moïse ibn Ezra
décide de quitter sa ville bien-aimée et de se diriger au nord vers l'Espagne chrétienne.
Tiré d'une étude de la Wizo sefarad
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Massacre de Grenade
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Le 30 décembre 1066 (9 Tevet 4827), une foule musulmane prend d'assaut le palais royal de Grenade (Espagne), crucifie le vizir juif, Joseph ibn Naghrela et massacre la plus grande partie de la population juive de la ville. « 1500 familles juives, représentant environ 4000 personnes disparaissent en un jour »
Selon l'historien Bernard Lewis, le massacre est « généralement imputé à une réaction de la population musulmane contre un vizir juif puissant et ostentatoire »
Lewis affirme:
« Un ancien poème antisémite d'Abu Ishaq, écrit à Grenade en 1066 est particulièrement instructif à cet égard. Ce poème, qui se dit instrumental dans le déclenchement des émeutes anti-juives de cette année, contient ces lignes spécifiques:
- Ne considérez pas le fait de les tuer comme une violation de la foi. Le fait de les laisser en vie serait une violation de la foi.
- Ils ont violé le pacte que nous avions avec eux, aussi comment pouvez vous être tenus coupables contre les violateurs?
- Comment peuvent-ils avoir un pacte, quand nous sommes insignifiants et eux prétentieux ?
- Maintenant nous sommes humbles, à coté d'eux, comme si nous avions tort et eux avaient raison ! »
Lewis continue: « Des diatribes comme celles d'Abu Ishaq et les massacres tels que ceux de Grenade en 1066 sont des évènement relativement rares dans l'histoire islamique »
Le rabbin Abraham ibn Dawd Halevi, plus connu sous l'acronyme Rabad I, décrit Joseph dans son ouvrage historique "Sefer ha-Kabbalah" (Livre de la Tradition): «...il devint altier jusqu'au point de destruction; les nobles philistins (berbères) devinrent jaloux de lui, jusqu'à ce qu'il soit assassiné.... »
Walter Laqueur analyse cet épisode comme un pogrom: « Les Juifs ne pouvaient selon la loi, accéder à la fonction publique (comme toujours, il y avait des exceptions), et il y a eu des pogroms occasionnels comme à Grenade en 1066 ».
Ibn Dawd Halevi relate que la date du massacre était annoncée dans le "Meguilat Ta'anit", un ouvrage ancien, qui cite le 9 Tevet comme un jour de jeûne sans donner de raison. (D'autres autorités juives, cependant, donnent d'autres raisons pour la commémoration.
La communauté juive de Grenade réussit à récupérer avec le temps, mais en 1090, elle est de nouveau attaquée par les Almoravides conduits par Youssef Ibn Tachfin. Cette date est d'ailleurs considérée par certains comme la fin de l'age d'or de la culture juive dans la péninsule ibérique.
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