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MARTIN BUBER


M. BUBER
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"Nos élèves nous forment, nos oeuvres nous édifient."- Le je et le tu

"A force de sonder la vie des choses et la nature de leur relativité, tu arriveras à l'insoluble ; à force de contester la vie des choses et leur relativité, tu arriveras au néant ; en sanctifiant les choses, tu rencontreras le Dieu vivant."

"Où habite Dieu ? Dieu habite où on le fait entrer."- Les récits hassidiques

"Toute vie véritable est rencontre."

"Oui, Dieu, c'est le mot le plus chargé de tous les mots humains. Pas un qui n'ait été aussi souillé, aussi lacéré." - L'Eclipse de Dieu


" Martin Buber est le premier auteur à travers qui, dans les temps modernes, la voix du judaïsme s'est fait entendre de nouveau dans le monde chrétien et pour qui, en retour, la voix du christianisme peut trouver des titres à se faire entendre au sein du monde juif. Cette ouverture dans la relation, exprimée dès ses premiers écrits, est demeurée vraie après comme avant cette césure tragique que fut la Shoa. Buber a repris de façon plus explicite, dans le contexte de la modernité et du rapport à ses sources, les propos esquissés au Moyen Age par Jehuda Halévy, Maïmonide et Meiri. C'est là un événement qui, tout à la fois en raison de son audace, de son moment historique et de sa mise en œuvre philosophique, demande d'être examiné avec attention et médité... " (Bernard Dupuy)

'Le règne absolu de la causalité dans l'empire du Cela, bien qu'il soit d'une importance fondamentale pour l'ordonnance scientifique de la nature, ne pèse pas à l'homme qui n'est pas limité au monde du Cela et peut toujours s'évader dans le monde de la relation. Là le Je et le Tu s'affrontent librement dans une réciprocité d'action qui n'est liée à aucune causalité et qui n'en a pas la moindre teinture ; là l'homme trouve la garantie de la liberté de son être et de la liberté de l'être en général. Celui-là seul qui connaît la relation et la présence du Tu est apte à prendre une décision. Celui qui prend une décision est libre parce qu'il s'est présenté devant la Face'. Je et tu de Martin Buber


Né en 1878, petit-fils d'un éminent maître talmudiste auprès duquel il passe sa jeunesse en Galicie, Martin Buber poursuit des études de philosophie et d'histoire de l'art à Vienne et à Berlin. Il subit l'influence des écrits et du mysticisme de Nietzsche et, plus tard, de la pensée de Kierkegaard. Mais c'est l'enseignement des hassidim qui le modèle durablement : en 1907, il publie les Contes de Rabbi Nachman, en 1908, la Légende du Baal Chem Tov et, plus tard, les Récits hassidiques (1949), recueils dans lesquels s'exprime son entière adhésion spirituelle au hassidisme, compris comme l'un des éléments fondamentaux du judaïsme.
Par ses écrits et son engagement personnel, Buber a largement contribué à la reconnaissance du hassidisme comme grand mouvement mystique mondial. Rallié dès 1898 au sionisme, Buber prône le retour des juifs en Palestine, mais estime nécessaire de refonder l'identité juive autour d'un nouvel humanisme. Cette aspiration s'exprime par sa participation active aux congrès sionistes, en particulier celui de 1922, où il se prononce en faveur d'un dialogue constructif avec les Arabes.
Sa carrière comporte un important travail d'éditeur - avec les magazines Die Welt (1901), Jüdesher Verlag (1909) et surtout l'organe sioniste "Der Jude" (1916-1924). Il donne des cours sur la pensée juive à l'université de Francfort-sur-le Main de 1923 à 1933.
En 1938, Buber dut fuir le nazisme et s'installa en Palestine, où il enseigna à l'université hébraïque de Jérusalem. Après la création de l'État d'Israël, il fonda et dirigea l'association Ihud (Unité), au sein de laquelle il poursuivit inlassablement ses efforts de rapprochement avec les Arabes. En 1952, Buber reçut le prix Goethe ; en 1962, le prix Bialik et, en 1963, le prix Érasme pour sa contribution au patrimoine culturel et social de l'Europe.
Les dernières années de sa vie furent consacrées à l'assistance culturelle, sociale et spirituelle des membres des kibboutz et à des travaux d'exégèse de l'Ancien Testament. Il mourut en 1965. genami

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Rosenzweig in Gespräch mit Ehrenberg, Cohen und Buber
München, Verlag Karl Alber, 2006, .
Michael Löwy

L’auteur, professeur de philosophie à l’université de Kassel, est internationalement connu pour ses travaux sur l’œuvre de Franz Rosenzweig. Ce recueil d’essais présente la vie et l’œuvre de Rosenzweig dans le contexte plus large de la culture juive/allemande et notamment dans son dialogue avec deux autres figures importantes du renouveau philosophique et religieux du judaïsme : Hermann Cohen et Martin Buber.

Né à Kassel en 1886, F. Rosenzweig a failli, sous l’influence de ses cousins et amis Rudolf Ehrenberg et Eugen Rosenstock, se convertir au christianisme. C’est pour justifier sa décision de rester juif qu’il va rédiger, dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, L’Étoile de la Rédemption (1921), un livre singulier qui se veut en rupture avec toute la pensée philosophique traditionnelle, et que Walter Benjamin considérait comme étant, avec Histoire et Conscience de Classe (1922) de György Lukacs, un des ouvrages les plus importants de la première moitié du xxe siècle. En 1920, F. Rosenzweig va fonder la Libre Maison d’Études Juives à Frankfort, un important centre culturel et religieux auquel participera une pléiade de brillants esprits du judaïsme allemand (entre autres Martin Buber, Siegfried Krakauer, Ernst Simon et Erich Fromm). Paralysé par une sclérose, F. Rosenzweig réussira encore à commencer, avec son ami Buber, une nouvelle traduction de la Bible hébraïque en allemand, avant de décéder, à l’âge de 43 ans, en 1929.

L’ambition de F. Rosenzweig dans son opus major était rien moins que de jeter les fondements d’une « Nouvelle Pensée » – inspirée toutefois, comme le montre très bien Wolfdietrich Schmied-Kowarzik, par la « philosophie positive » de Schelling – une pensée existentielle en rupture avec le rationalisme « purement négatif », d’Aristote à Hegel. Il met au centre de son « contre-système » les concepts de Création, Révélation et Rédemption, qui relèvent d’une philosophie religieuse/existentielle, échappant tant à la logique rationaliste qu’à la théologie traditionnelle. Le livre se situe du point de vue du judaïsme même s’il reconnaît que les juifs, aussi bien que les chrétiens, n’ont accès qu’à une partie de la vérité : dans sa totalité, « la Vérité de Dieu n’appartient ni à eux ni à nous ». Si le romantisme est une tentative de réconciliation poétique de la rupture entre la rationalité et la vie, alors, selon l’auteur, ni Schelling ni Rosenzweig ne relèvent du romantisme, parce que leur démarche est philosophique, plutôt que littéraire ou artistique. J’ajouterai cependant que, si l’on part d’une définition plus large du romantisme comme protestation culturelle contre la civilisation moderne, les deux auteurs en question appartiennent à ce qu’on pourrait désigner comme « philosophie romantique ».

Ami et disciple du philosophe néo-kantien Hermann Cohen, F. Rosenzweig admirait beaucoup son dernier ouvrage, La religion de la raison à partir des sources du judaïsme (posthume, 1919). Mais il va s’en dissocier par son refus du rationalisme et sa conviction que la Vérité ne coïncide pas nécessairement avec la Raison. Selon l’auteur on peut considérer, jusqu’à un certain point, L’Étoile de la Rédemption comme une réponse philosophique et religieuse au livre de H. Cohen (il semble qu’on peut aussi interpréter la virulente critique de F. Rosenzweig sur l’idéologie du progrès comme un des moments de sa rupture avec le néo-kantianisme de son maître).

L’amitié avec Martin Buber est un autre aspect important de la biographie intellectuelle de F. Rosenzweig. Il est vrai qu’au début il avait beaucoup de réserves envers un penseur dont il ne partageait ni l’option sioniste ni la démarche religieuse hétérodoxe, qu’il critiquait, dans un essai de 1914, comme « théologie athée ». Dans une de ses plus célèbres conférences, Buber avait réinterprété un passage de la Bible en affirmant : la Loi n’est pas « gravée » (haruth) dans le marbre des Tables, elle est liberté (heruth) sur les Tables. Partisan d’une conception plus traditionnelle de la Loi comme Révélation, Rosenzweig ne se reconnaissait pas dans cette démarche plus éthique que théologique. Ils vont toutefois se rapprocher grâce au travail commun dans la Libre Maison des Études Juives, et surtout grâce au projet commun de traduction en allemand de l’Ancien Testament, en cherchant des formes d’expression plus proches de l’esprit de la langue hébraïque que l’ancienne traduction de Martin Luther. Les premiers volumes de cette traduction, très controversée, paraîtront dans les années 1920, mais elle ne sera terminée, par le seul Buber, qu’en... 1961.

Un des chapitres les plus intéressants de ce livre est celui où Wolfdietrich Schmied-Kowarzik étudie le rapport entre identité juive et allemande chez les trois auteurs : Cohen, Buber et Rosenzweig. Il s’agit de trois types parfaitement distincts de « synthèse judéo/allemande ». Dans sa polémique de 1880 contre les proclamations antisémites de Heinrich Treitschke, Hermann Cohen affirmait la profonde convergence entre le judaïsme prophétique/messianique et l’Aufklärung allemande représentée par Lessing, Kant, Goethe et Schiller – ainsi que par Moses Mendelssohn. Cette conviction le conduit, pendant la Première Guerre mondiale, à soutenir le Reich allemand, allant jusqu’à écrire, dans Germanité et Judéité (Deutschtum und Judentum), en 1915, que « la guerre juste est la préparation pour la paix éternelle » dont parlait Kant... Tout autre est la démarche de Martin Buber : sioniste militant, il était opposé à l’assimilationisme, sans pour autant partager le projet de Herzl de création d’un « État juif ». Hostile au nationalisme, il rêvait de la fondation d’un centre spirituel et religieux juif en Palestine, en entente avec la population arabe locale. Profondément immergé dans la culture allemande, il écrira en 1939 un article poignant sur « La fin de la symbiose judéo-allemande », qui présente cette dernière comme la convergence culturelle la plus réussie et la plus fructueuse de l’histoire juive depuis l’expérience espagnole du Moyen Âge. Ni sioniste, ni assimilationiste, Franz Rosenzweig représentait une troisième position. Pour lui, le peuple juif ne possède une terre, une langue et une coutume qu’en tant que biens religieux : grâce à l’absence d’un État, il a eu la chance de rester en marge de l’histoire mondiale. F. Rosenzweig se considérait comme « Juif et Allemand », deux identités distinctes mais compatibles. Dans une lettre, qui deviendra célèbre, de janvier 1923 à son ami – et successeur à la direction de la Libre Maison des Études Juives – Rudolf Hallo, il désignait L’Étoile de la Rédemption comme « un cadeau que l’esprit allemand doit à son enclave juive » ; sans illusions, il prévoyait que ce cadeau ne serait honoré que « tout au plus, de façon posthume ».

L’auteur discute aussi de l’influence sur F. Rosenzweig de son cousin Hans Ehrenberg, compare les approches philosophiques – profondément distinctes – de Heidegger et F. Rosenzweig, et examine, dans une sorte de conclusion, les rapports entre philosophie de l’histoire et théologie depuis Hegel et Schelling jusqu’à Ernst Bloch et F. Rosenzweig. Il s’agit donc d’un livre d’une très grande richesse, qui ouvre des pistes nouvelles, non seulement pour l’interprétation de l’œuvre étrange et complexe de F. Rosenzweig, mais aussi pour la compréhension de ce grand chapitre tragiquement clos de l’histoire culturelle européenne, la pensée juive/allemande.


http://assr.revues.org/document7152.html

Anonyme a dit…

« Je m’accomplis au contact du Tu, je deviens Je en disant Tu. Toute vie véritable est rencontre. La relation avec le Tu est immédiate. Entre le Je et le Tu ne s’interpose aucun jeu de concepts, aucun schéma et aucune image préalable ; et la mémoire elle-même se transforme quand elle passe brusquement du morcellement des détails à la totalité. Entre le Je et le Tu il n’y a ni buts, ni appétit, ni anticipation ; et les aspirations elles-mêmes changent quand elles passent de l’image rêvée à l’image apparue. Tout moyen est obstacle. Quand tous les moyens sont abolis, alors seulement se produit la rencontre ».

martin Buber

Anonyme a dit…

« Voici l’éternel origine de l’art : une forme se présente à l’âme et demande à être fixée dans une œuvre. Cette forme n’est pas le produit de son âme, c’est une apparition du dehors qui se présente à cette âme et lui demande la force efficiente. Il s’agit là d’un acte essentiel de l’homme ; s’il l’accomplit, s’il dit de tout son être le mot fondamental Je-Tu à la forme qui lui apparaît, alors la force efficiente ruisselle, l’œuvre naît. ».

martin Buber

Anonyme a dit…

Né en 1878, en Autriche, Martin Buber vivra la ruine de la civilisation bourgeoise et libérale de l’Europe du XIXe siècle, ruine prophétisée autour de 1900 par Theodor Herzl. Comme tant d’autres, il sera emporté par la montée du nazisme. Chassé de son pays, il finira ses jours à Jérusalem. En quête de ses origines, profondément juif bien que non pratiquant, étonnamment ouvert à tous les problèmes de son temps, Buber se passionne très tôt pour le hassidisme qu’il contribue à faire connaître en Occident ; il se fait traducteur de la Bible et sa traduction originale représente une sorte de recréation. Sioniste et socialiste, il sera l’un des théoriciens de la vie communautaire, du kibboutz. Toutes ses activités si diverses ne le détournent cependant pas de la philosophie. Il inspirera à la fois le personnalisme et l’existentialisme. Cet ouvrage est le premier à présenter l’œuvre de Buber dans son ensemble, le premier aussi à dégager l’axe focal autour duquel s’ordonnent les différents domaines de son champ de réflexion extrêmement vaste.

Martin Buber
Par Théodore Dreyfus




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