VIDAS LARGAS
JUDEO-ESPAGNOL
SEPHARDICROMANCE
Sefarades : De l'extermination à la survie de communautés
Espagne : Le Decret de l'Alhambra
Litterature : judéo-espagnole problématique - 1492
Revues : Salom - Aki Yerushalayim - Ladino
Musique : Ladino - Yasmin Levy
Roumanie : Historique - Alexandre Safran
Salonique : La Communauté Juive rappel historique
Deportation : Juifs de Salonique - Video
Ambiguite et Resistance : Les Rabbins Zvi Koretz et Barzilaï
Biographie : Jacques Stroumsa - Video
Afrique du Nord : Populations Juives
La Haquetia : langue vernaculaire des judéo-espagnols du Maroc
Diaspora : Les Langues Juives - Judeo Espagnol
Nuit et Brouillard : Nacht und nebel
NÉBULEUSE DE LA MÉMOIRE
Un terrain vague.
Un terrain vide ?
Pas si vide que cela !
Le vague à l'âme?
Oui, l'âme vague
de la potence à la corde,
d'une pierre à l'autre,
d'un débris à l'autre.
Les insomnies d'antan.
La destruction,
L'instructure du futur.
Le vague à l'âme se fait tension,
attention.
Des cheminées de la mort.
Souvenirs de guerre,
souvenirs de meurtres,
les meutes aboyantes.
Déportation, extermination.
La terre entière devenue
terrain vague.
Le globe entier englouti
sous les vagues destructrices.
Les yeux globuleux des
globe-trotters figés dans leur
trot.
L'annihilation,
La désertificaton,
La désolation.
Le NOMEN NESCIO.
La déshumanisation.
L'anonymisation.
Ce N.N. traduit par Nacht und Nebel.
Nuit et Brouillard brouillant
Toutes cartes.
Mémoire fracassée,
Mémoire dispersée,
Mémoire abîmée?
Mémoire "vestigiée".
Vestiges de vies arrêtées,
Ecourtées , surprises dans
Leur élan.
Colonnes brisées de nos
Cimetières.
Excréments déshydratés.
Ossements pétrifiés.
Vies desséchées.
Désordre inextricable…
LE TERRAIN VAGUE
LA VACUITÉ.
Avec Baudelaire
" J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans".
Mon âme DIVAGUE.
Haïm-Vidal Sephiha
Né à Bruxelles (Belgique) en 1923 dans une famille judéo-espagnole d'origine turque venant d'Istambul, il obtient la nationalité belge et fait des études de langues. Il est arrêté en 1943 et déporté à Auschwitz-Birkenau d'où il revient en 1945. Son père meurt à Dachau la même année. De retour en Belgique, le jeune homme entame des études de chimie à l'Université de Bruxelles.
C'est la mort de sa mère en 1950 qui le ramène vers ses racines séfarades : il reprend des études de linguistique, de littérature espagnole et littérature portugaise à la Sorbonne à Paris. Il devient professeur des universités en 1981 et obtient une chaire de linguistique.
Il fonde en 1974 Vidas Largas une association pour la défense et la promotion de la langue et de la culture judéo-espagnole.
En 1977 paraît l'un de ses livres les plus connus, L'Agonie des Judéo-Espagnols. Le mot agonie y est employé au sens grec du terme, c'est-à-dire au sens de « lutte » (agon) : le professeur se défend d'avoir annoncé la disparition de la langue judéo-espagnole. La même année, Séphiha publie deux thèses relatives au ladino, qu'il appelle judéo-espagnol calque pour le différencier du judesmo, le judéo-espagnol vernaculaire.
La première chaire de judéo-espagnol a été créée pour lui en 1984 à la Sorbonne. Il l'occupera jusqu'en 1991. Auteur d'une dizaine de livres sur les problématiques judéo-espagnoles, Séphiha a dirigé par la suite près de 400 travaux et thèses d'étudiants portant sur cette langue wiki
Manuel de judéo-espagnol, langue et culture
par Marie-Christine Varol-Bornes
Le judéo-espagnol est très proche de la langue espagnole parlée au XVe siècle, mais a été influencé par des emprunts à l'hébreu, puis par les langues avec lesquels il s'est trouvé en contact après le départ des juifs, chassés d’Espagne en 1492 (le turc, le roumain, le bulgare, le serbe, le grec). Il était parlé par une partie de la communauté juive de l’empire ottoman et au Maroc. Il se comprend différents dialectes : le djudezmo, la variété orientale la plus courante, mais aussi, le djudyo, l’espanyol ou l’espanyoliko. Il existe aussi des variétés occidentales : le tetauni en Oranie et le haketiya dans le nord du Maroc. Le massacre d’une bonne partie des juifs des Balkans et l’exode de ceux d’Orient a provoqué un grand affaiblissement de cette langue après 1945.
À partir de cette langue, a été créé le ladino, langue résultant de la traduction littérale (mot à mot) en espagnol, à partir du XIIIe siècle, des textes hébreux bibliques et liturgiques. Certains textes en djudezmo peuvent être émaillé de ladinismes.
Cette langue a été particulièrement étudiée par le linguiste Haïm Vidal Sephiha
« En 1492 donc, lors de leur expulsion d'Espagne, les Juifs emportèrent ce que le linguiste B. Pottier appelle les variétés de l'espagnol communes aux tenants des trois religions d'alors : le léonais, l'aragonais et surtout le castillan (la langue de la Cour). C'est là le substrat de ce qui allait devenir vers 1620 le judéo-espagnol vernaculaire, ou espanyol tout court, djudezmo, djudyo, djidyo (pour Edgard Morin), spanyolith (spanyolisch pour notre prix Nobel Elias Canetti) ou encore espanyoliko au Moyen-Orient, haketiya dans le Maroc septentrional, tetuani en Oranie, tous ces termes désignant le judéo-espagnol vernaculaire qui bien sur évoluera à son tour. Nous disons bien vers 1620, car ce n'est que petit à petit que les voyageurs espagnols péninsulaires ne reconnurent plus l'ancêtre de leur langue dans l'espagnol des descendants de leurs expulses et l'attribuèrent à la judéité de ceux-ci. De même, les Turcs musulmans ne connaissant l'espagnol que par la minorité juive l'appelèrent yahudije (en turc, "juif" se dit yahudice). Ainsi, par un contresens de l'histoire, leur langue devint leur identificateur. Djudyo (juif) désigna à la fois la langue (pour nous le judéo-espagnol vernaculaire) et le locuteur judéo-espagnol (le Judéo- Espagnol), tout comme ce fut le cas pour le yidiche (all. Jüdisch, juif) et les Achkénazes. Par un semblable contresens on aurait probablement attribué une langue judéo-française aux Français du Canada s'ils avaient été juifs ! C'est absurde et pourtant le glossonyme de judéo-espagnol s'imposa.
Langue de fusion, le judéo-espagnol est essentiellement du castillan du XVe siècle, teinté de régionalismes et d'arabismes hispaniques et, à partir de 1492, d'arabismes marocains, de turquismes, d'italianismes, de grécismes, de slavismes, etc. recueillis dans les pays-hôtes. Plus tard, avec la création en 1860 des écoles de l'Alliance Israélite Universelle, la langue sera prise d'une gallomanie galopante, au point qu'en naîtra un nouvel état de langue que nous appellerons judéo-fragnol. »
bibliomonde
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La cité perdue des séfarades
NI les dictionnaires ni les guides de Thessalonique n’en parlent. En 1940, ils étaient encore 56 000 ; en 1947, guère plus de 1 950 survivants de la « solution finale », décrétée, en 1942, à Wannsee. 46 091 personnes avaient été déportées par les Allemands vers les camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen, alors que le Larousse de 1966 se contente d’écrire : « THESSALONIQUE ou SALONIQUE, port de Grèce [...] la population fut massacrée en 390 sur l’ordre de Théodose Ier [...] », sans dire un mot du génocide encore récent des juifs de Grèce.
Un musée du judéo-espagnol
ET pourtant, leurs ancêtres, expulsés d’Espagne en 1492, y avaient été reçus et protégés par Bayazet II, qui leur permit de s’installer dans toutes les villes de l’Empire ottoman en formation (20 000 à Salonique, nom turc de la ville), de parler librement leur espagnol, véritable musée vivant de la langue ibérique du XVe siècle - qu’on appellera plus tard judéo-espagnol -, de s’adonner à leurs cultes et à leurs professions, d’exercer leur justice, et de se dire fièrement séfarades, du nom hébreu de l’Espagne. Cette Sefarad dont, des siècles durant, ils eurent la nostalgie et continuèrent de cultiver romances, contes et proverbes.
Interprètes, médecins, financiers, artisans, voire agriculteurs, les juifs d’Espagne avaient connu diverses périodes de prospérité, tant dans l’Espagne musulmane que dans l’Espagne chrétienne. Ils se consacrèrent également à la poésie, à la philosophie, aux sciences, à l’industrie, à l’imprimerie, au commerce, qu’ils introduiront dans l’Empire ottoman (notamment la poudre à canon qui sera d’une grande aide pour cet Etat guerrier)... Les noms de Maïmonide, Yehudah Halévy, Ibn Garibol, Ibn Paquda, Sem Tob de Carrion, etc., resteront gravés en leur mémoire et dans leurs livres de prières, comme autant de phares d’une terre perdue, d’une seconde terre promise où coulaient le lait et le miel.
Salonique, Constantinople, Izmir, Safed, Jérusalem, Le Caire, virent affluer les émigrés, juifs et marranes, jusqu’à la fin du XVIe siècle. Les communautés y étaient regroupées selon les origines, ces petites patries qu’étaient Tolède, Cordoue, Aragon, Léon, Sicile, etc., auxquelles correspondaient autant de synagogues.
Les juifs hellénophones (roumaniotes) et ashkénazes, qui vivaient à Thessalonique avant l’arrivée des séfarades, seront bien vite assimilés par ceux-ci. Vers 1550 ils sont majoritaires, et ce jusqu’en 1912. Ils constituent alors plus de la moitié de la population, les Turcs 20 %, les Grecs 20 %, et les Bulgares 5 %. « La ville entière vit au rythme de sa majorité séfarade qui impose sa férialité du samedi pour toutes les ethnies et toutes les activités de la ville, y compris la poste . » C’est en quelque sorte une entité semi-autonome dont les rabbins recueillent les impôts destinés au pouvoir ottoman central.
L’industrie drapière est florissante, et répond aux besoins des armées, plus particulièrement des janissaires, fauteurs de troubles dont le corps sera dissous en 1826. Bientôt, Moïse Allatini, originaire de Livourne, ville ouverte à tous les étrangers et aux juifs depuis 1593, dotera la cité séfarade de minoteries, d’une briqueterie, d’une brasserie et d’une manufacture de tabac, révolution technique qui engendrera un prolétariat et un parti socialiste puissant, éditant El Avenir, Avanti, et La Solidaridad ovradera. Trois titres d’une presse judéo-espagnole écrite tantôt en caractères hébreux, tantôt en caractères latins et qui, de 1860 à 1930, créera 105 journaux, alors que, pour la même période, il y en eut 25 à Istanbul et 23 à Izmir . C’est là l’impact des Lumières de l’Occident, relayées, dès 1873, par la création de la première école de l’Alliance israélite universelle. Son oeuvre bénéfique, il est vrai, eut pour corollaire une francisation galopante du judéo-espagnol et, les événements tragiques du Proche-Orient s’amplifiant, un courant d’émigration vers l’Europe occidentale et le Nouveau Monde.
Misère et persécution
LA ville prospère, mais, en 1912, la Grèce reprend Salonique aux Turcs . La situation des juifs s’en trouve aggravée, et plus encore en 1917, lors du grand incendie qui sinistra la majeure partie de la population. Après la Grande Guerre, les manifestations antisémites se multiplient. Les gouvernements ne respectent pas le traité sur les minorités, signé à Sèvres le 10 août 1920. Il s’ensuit une hémorragie de la population juive : de 100 000 en 1912, leur nombre passera à 62 200 en 1928, à 52 350 en 1935, et à 56 000 en 1940 (après le regroupement des familles de l’extérieur).
Avril 1941 : après l’échec des troupes fascistes italiennes face à l’armée grecque, l’Allemagne hitlérienne entre en scène et bouscule tout sur son passage. Le 9 avril, Thessalonique est occupée. Alors commencent humiliations et exactions pour les juifs. Dès le 11 avril, fin est mise à la parution du dernier journal en judéo-espagnol, le Mesadjero. La crise économique bat son plein, la mortalité augmente effroyablement, d’autant que l’hiver 1941-1942 est particulièrement rigoureux. Famine et froid intensifient la misère.
Le samedi 11 juillet 1942, tous les adultes juifs doivent se présenter - ironie macabre - sur la place de la Liberté, où on les torture. Alors commencent pour eux les travaux forcés, le port de l’étoile jaune et la relégation dans des quartiers déterminés, tout comme pour leurs frères de Varsovie ou de Lodz. Alors se forment les premiers convois pour Birkenau (mars 1943), qui se succéderont jusqu’en juin. Alors sera pour toujours détruite la Salonique juive dont la poétesse Henriette Asseo, d’origine thessalonicienne, dira :
Mon peuple vous ne le
connaissez pas.
Jadis, l’exode du luxe
l’a décimé en mille nations.
Mon peuple ne vous ressemble pas,
servitude de l’Alliance
en Dieu identifié.
Mon peuple n’existe pas,
exil de la mémoire
aux portes des camps.
Haim Vidal Sephiha.
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