YOSSI HAREL
BIO
EXODUS
HISTOIRE
1947
Le commandant de l’Exodus est décédé
Yossi Harel, qui a transporté 4 500 survivants de la Shoah en 1947, est mort samedi 3Mai 2008 en Israël
Alors que se déroulait aujourd'hui la Journée nationale de commémoration de la Shoah, les médias israéliens rapportaient le décès la veille, à 90 ans, de Yossi Harel, le commandant du navire l'Exodus qui a transporté 4 500 survivants de la Shoah de France en Palestine en 1947.
Yossi Harel avait commandé les opérations clandestines qui ont permis entre 1945 et 1948 d'amener dans la Palestine, alors sous mandat britannique, quatre navires, dont l'Exodus, avec à leur bord 24 000 immigrants juifs.
Par son action, Yossi Harel a aidé à la venue de près d'un tiers des réfugiés juifs arrivés illégalement en Palestine placée sous le mandat de la Grande-Bretagne qui imposait à l'époque de strictes limitations du nombre d'immigrants juifs autorisés à s'installer en Palestine.
De Sète à la Palestine
Le navire Exodus, immortalisé dans un film éponyme du réalisateur Otto Preminger, était parti du port de Sète, dans le sud de la France, en juillet 1947. Le commandant à tenté de déjouer le blocus britannique.
Le périple des passagers de l'Exodus avait provoqué une vague d'émotion en Europe après la Seconde Guerre mondiale et le choc provoqué par la découverte de l'horreur des camps de concentration nazis.
Après plusieurs jours de navigation à l'entrée des eaux territoriales de la Palestine, des bâtiments de la marine britannique ont arraisonné l'Exodus à une trentaine de kilomètres des côtes. La Grande-Bretagne a ensuite renvoyé les passagers de l'Exodus en Europe.
Né en 1919 à Jérusalem, Yossi Harel avait rejoint la Hagana, l'armée clandestine juive opérant durant le mandat britannique sur la Palestine, à l'âge de 15 ans. Il est décédé à Tel Aviv d'un arrêt cardiaque.
Jerusalem Post
"A bord, en écoutant la BBC, ce fut du délire"
par Hesi Carmel
Yossi Harel, l'ancien commandant de l'Exodus, raconte son 29 novembre 1947, alors qu'il menait un autre convoi vers la Terre promise
" Jamais je n'oublierai cette nuit historique du 29 au 30 novembre 1947. Je me trouvais alors en Roumanie, dans le port de Constantza, à bord d'un cargo en cours de réaménagement. Après l'odyssée de l'Exodus, dont j'avais été le commandant quelques mois plus tôt [NDLR: Yossi Harel s'appelait alors Yossi Hamburger], la Haganah m'avait confié la mission de forcer cette fois le blocus britannique, avec deux énormes navires de 5 000 tonnes, le Pan York et le Pan Crescent, qui allaient transporter quelque 15 500 passagers en Terre promise. Comme il s'agissait de bananiers rachetés à l'United Fruit, aux Etats-Unis, par le Mossad, nous étions en train de les équiper de milliers de couchettes, de cuisines, d'infirmeries, de sanitaires, de façon à pouvoir y embarquer la plus grande quantité d'immigrés juifs clandestins jamais convoyés vers leur futur Etat. Avec une dizaine de mes camarades de la Haganah et les membres de l'équipage, des républicains espagnols ne pouvant pas rentrer dans leur pays, nous écoutions donc religieusement les informations à la BBC dans l'attente des résultats du vote des Nations unies sur le partage de la Palestine. Quand vint le moment du décompte des voix, retransmis en direct de New York, chacun retenait son souffle, comptant et recomptant sur ses doigts les bulletins “pour” et “contre”. A travers les hublots, je regardais la neige tomber à gros flocons, et nous, les sabras habitués au soleil d'Orient, nous grelottions. Puis soudain, vers 1 heure du matin, la majorité en faveur du partage fut acquise! A bord, ce fut du délire. Etreintes, pleurs de joie, cris de victoire et d'allégresse. Le cargo, couvert de neige, était toujours glacial, mais nous avions désormais si chaud au cœur. Comme nous n'avions pas de champagne, on déboucha de précieuses bouteilles de whisky et de vodka stockées en prévision d'une grande occasion. On dansa, on chanta beaucoup, des chants sionistes mais aussi des chansons de marins. Cette nuit-là, au fond de ce port roumain, nous savions que nous aurions bientôt un Etat juif, même si la route pour Jérusalem devait encore être semée d'embûches et jonchée de morts...»
lexpress
Yossi Harel, commandant de l’Exodus, meurt à 90 ans
De Eli Ashkenazi
L’homme qui dirigeait les opérations clandestines des quatre navires transportant quelque 24000 immigrants clandestins entre 1945 et 1948, Yossi Harel, est décédé hier à Tel Aviv à l’âge de 90 ans.
L’écrivain Yoram Kaniuk, un ami d’Harel, a déclaré à Haaretz que lorsque les navires qu’il commandait étaient passés au large des côtes turques, Harel avait pensé au village arménien évoqué par Franz Werfel dans son livre "Les 40 jours de Musa Dagh" qui décrivait le génocide arménien. "Il adorait le peuple arménien et se sentait proche de lui," a dit Kaniuk, ajoutant qu’il mentionnait la sensibilité d’Harel envers les Arméniens comme un signe de grand humanisme et de compassion qui étaient deux traits centraux du caractère d’Harel.
Harel est né en 1919, juif de sixième génération de Jérusalem. Il rejoint l’Haganah à l’âge de 15 ans et fait ensuite partie de l’unité commandée par Orde Wingate, où il se forge une réputation pour son courage. Kaniuk raconte que David Ben-Gurion et Shaul Avigur (commandant de la campagne d’immigration illégale de Aliyah Bet et fondateur du Shai, le Haganah services secrets) l’avait trouvé apte à diriger des navires d’immigrants clandestins, car, en plus de ses aptitudes de leader et de ses prouesses au combat, "il y avait quelque chose de très sociable en lui. Il n’était pas le genre de héros à vous taper dans le dos. Il avait des manières, il n’élevait pas la voix. C’était un homme de conscience et un excellent soldat. “Il était également très sensible, et était très attentif aux femmes enceintes sur le bateau”, dit Kaniuk.
Kaniuk dit également : "De nombreux sabras étaient snobs. Ils se prenaient pour des héros et ne montraient pas de grande sensibilité envers les survivants. C’était difficile pour eux de reprendre contact avec leur identité juive. Pour Yossi, son identité juive était importante, car il avait grandi à Jérusalem et non à Tel Aviv ou dans un kibboutz."
Harel a dirigé les plus importantes opérations d’immigration clandestines, y compris quatre navires : Knesset Israël, l’Exodus, Atzma'ut et Kibboutz Galuyot. Il avait à l’époque 28 ans et il était responsable d’environ 24000 immigrants, plus d’un tiers du nombre total de ceux qui pénétrèrent clandestinement dans le pays entre 1945 et 1948.
L’Exodus, dont le capitaine était Yitzhak "Ike" Aharonovich, est entré dans l’histoire en raison du voyage héroïque qu’il effectua au départ de la France en juillet 1947, transportant 4500 survivants de l’holocauste, et cette lutte qui a duré des mois pour éviter d’être refusé par les Britanniques. Finalement le bateau dû retourner en Europe et accosta à Hambourg, en Allemagne.
Mais le point culminant de la carrière d’Harel ce n’est pas le célèbre Exodus, selon un article paru dans Haaretz, de l’historien Dr. Aviva Halamish. C’était le voyage deux semaines et demi sur le navire Knesset Israël. Le navire partit en novembre 1946 de Yougoslavie avec à son bord 4000 personnes. Selon Halamish, ce voyage a mis en lumière les contrastes entre les Yishuv, la communauté juive dans ce qui était alors le pré Etat d’Israël, (la Palestine) et les immigrants clandestins, survivants de l’holocauste "qui portaient en eux leur combat." Inspiré par l’histoire du Knesset Israël, le poète Natan Alterman a écrit dans le journal Davar sur le "partage du travail" entre les deux groupes.
Harel a ensuite étudié le génie mécanique aux États-Unis. Le chef des Forces de la Défense d’Israël, Moshe Dayan l’a rappelé pour qu’il commande l’Unité 131, unité des services secrets qui espionnait en Egypte avant de disparaître en 1954. Finalement, Harel quitta l’armée et devint entrepreneur.
Harel sera enterré demain au Kibboutz Sdot Yam, près de Césarée.
collectif
1947 18 juillet
L'Exodus refoulé en Palestine
Les Britanniques, administrateurs de la Palestine depuis la fin de la Première guerre mondiale, arraisonnent le navire "Exodus" dans le port de Haïfa. A son bord 4500 juifs survivants des camps de la mort, partis du port de Sète le 10 juillet et fuyant vers la terre d'Israël. Les Anglais qui interdisent toute immigration juive sur leur protectorat, font ramener de force les passagers en France et en Allemagne à bord de bateaux-prisons. Les affrontements provoqueront la mort de 3 personnes et feront 146 blessés. Quatre mois plus tard l"ONU prendra le décision de créer l'Etat d'Israël linternaute
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La mer promise
Ike Aronowicz. En 1947, il embarquait les Juifs survivants des camps vers Israël. A 84 ans, le capitaine de l’«Exodus» est toujours gaillard. Comme avant.
ANNETTE LÉVY-WILLARD
Il commence seulement à ralentir le rythme. Aujourd’hui, il hésite un peu à attaquer l’ascension du mât qu’il a élevé dans le jardin de sa maison en forme de proue. L’année dernière encore, il grimpait et restait seul là-haut à respirer la Méditerranée, avec à ses pieds la mer scintillante sous le soleil du Proche-Orient. Et derrière lui, surplombant la baie, les collines de Haïfa, premières images de la terre promise que les Juifs apercevaient du pont des bateaux qui les emmenaient vers leur nouvelle patrie. Devenu armateur après la guerre d’indépendance d’Israël, Ike Aronowicz a maintenant vendu ses cargos - il en a eu sept - mais, à la moindre occasion, il repart faire un tour en mer, debout à l’avant, comme toujours.
A presque 85 ans, dès le matin, il vous offre de partager un verre de vodka. Et la journée se terminera tard dans la nuit. Il allumera alors cigarette après cigarette, une véritable publicité pour le tabac-qui-ne-tue-pas. Et commandera une bière, et un plat de jambon : Juif oui, mais laïc, sioniste de gauche et toujours militant pour la paix.
Avec sa crinière de cheveux blancs, Ike Aronowicz reste très beau, même s’il se voûte un peu avec l’âge. Il ralentit, c’est vrai, mais il n’est pas du genre à freiner. Toute sa vie en témoigne. Il a conquis sa femme Irène - morte en 2001, avec qui il a eu deux filles - en l’arrachant à son mari. Et il n’hésite pas à cracher sur les idoles d’Israël. En particulier, il accuse le père fondateur Ben Gourion d’avoir capitulé devant les Anglais. Ce qui ne l’empêche pas de rester sarcastique : «Quand je pense qu’en plus j’habite rue Ben-Gourion !» Combattant, révolutionnaire - «Nous, nous étions des vrais communistes, pas des staliniens !» lance-t-il aujourd’hui avec enthousiasme -, il vous perce de ses yeux bleus et semble trempé dans l’acier.
Mais on voit des larmes discrètes couler quand il parle de la tragique épopée des survivants des camps qui erraient alors sans identité et sans asile. Et qui rêvaient d’arriver enfin chez eux, en Palestine, dans ce «foyer national pour le peuple juif» promis par les Anglais depuis la déclaration Balfour en 1917. Après l’Holocauste, les Anglais changent d’avis devant l’afflux de réfugiés. Ils n’hésitent pas à tirer et à couler les navires transportant les immigrés clandestins.
C’est à cette époque que débute l’odyssée de l’Exodus, la plus célèbre de ces embarcations. Une histoire racontée et romancée pour les générations à venir dans le très beau film éponyme d’Otto Preminger (1960). Mais aussi un drame qui change le cours de l’Histoire et conduit les Nations unies à voter, en novembre 1947, la résolution qui partage la Palestine, créant un Etat juif et un Etat arabe.
«J’ai pris la barre de l’Exodus par hasard. Parce que le capitaine précédent a préféré descendre à Marseille. Il ne voulait pas mourir», nous dit Ike Aronowicz avec son sourire ironique, démentant ainsi, avec son indifférence aux bonnes manières diplomatiques, la version officielle du départ de son prédécesseur. Le vieux navire de croisière anglais s’appelle encore President-Warfield. Il a été acheté par le Mossad (les services de renseignements israéliens) aux Etats-Unis pour aller chercher clandestinement quelques milliers de rescapés des camps parqués en Europe. Le President-Warfield sera bientôt rebaptisé Exodus. En référence à la sortie des Hébreux d’Egypte mais aussi au nouvel exode hors de l’Europe des massacres et de l’extermination.
Ike a 24 ans. Il paraît bien trop jeune pour piloter un navire où vont s’entasser 4 545 hommes, femmes et enfants, où l’on va mourir et naître, se cacher et se battre à mains nues contre la marine anglaise. Mais Ike est un combattant du Palmach, les commandos d’élite de l’armée secrète des Juifs de Palestine. Des durs. Du Palmach sont sortis les futurs chefs militaires d’Israël, Moshe Dayan et Yitzhak Rabin.
Depuis l’âge de 17 ans, le jeune Ike bourlingue de par le monde, amoureux de la mer. Une espèce rare. «Les Juifs n’ont pas une grande tradition maritime», reconnaît-il. Sa famille a quitté la Pologne pour rejoindre les pionniers du sionisme avant la Seconde Guerre mondiale. Mais ses grands-parents, retournés prendre des affaires dans leur ancienne maison, sont assassinés à Lodz quand Hitler envahit le pays.
Elevé à Tel-Aviv, Ike le marin veut se battre contre le nazisme. L’immigration clandestine sera sa cause. Le 10 juillet 1947, sur le port de Sète, montent à bord les passagers de l’Exodus. Ike découvre ces survivants des ghettos et des camps parlant russe, hongrois, grec, yiddish, allemand, polonais…, numéro tatoué sur le bras, souvent seuls. La veille, le Mossad les a exfiltrés des camps de réfugiés où les Alliés les tenaient enfermés.
Ike le fonceur veut leur donner une patrie, «un petit pays que le monde nous a reconnu». Avec la complicité des autorités françaises, le nouveau capitaine parvient difficilement à sortir de nuit l’Exodus du port de Sète après avoir heurté la jetée et s’être échoué sur un banc de sable. C’est la première fois que les organisations juives tentent de forcer le blocus anglais avec un navire aussi voyant, et tant de réfugiés à bord.
La traversée est rude, l’Exodus est suivi par les bateaux de guerre anglais qui terrorisent les passagers. A l’approche de la côte de Palestine, cinq destroyers encerclent le navire, l’attaquent à coup de gaz puis le prennent d’assaut. «Mon meilleur ami, William Bernstein, meurt devant moi. Il y a des morts et des blessés sur le pont. Je ne veux pas me rendre, je pense qu’on peut essayer de débarquer les passagers sur une plage de Haïfa», se souvient le capitaine. Mais, à bord, le commandant de l’opération clandestine du Mossad (1) refuse de risquer la vie des réfugiés, il donne l’ordre de se rendre.
Epuisés, traumatisés, les immigrants sont enfermés dans des bateaux-cages de la marine anglaise. Pour les Anglais, ils «n’ont qu’à retourner d’où ils viennent». Mais où ça ? Dans les villages d’Europe où toute leur famille a été tuée ? La vision de ces gens à bout de forces derrière des grilles sur le pont des bateaux-prisons fait la une de la presse mondiale. Le gouvernement français leur offre l’asile mais ils ne veulent pas renoncer à leur rêve. Ils refusent de descendre à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône). Les damnés de l’Exodus seront envoyés dans un camp d’internement… en Allemagne.
Ike Aronowicz et ses hommes ont prévu une cache dans la cale et gardé leur émetteur radio. Ils restent au fond de l’Exodus jusqu’à ce que des combattants du Palmach, déguisés en ouvriers du port de Haïfa, viennent les récupérer. Pour le capitaine de l’Exodus la lutte va continuer. Le 14 mai 1948 - il y a soixante ans aujourd’hui - naît Israël. Il repart aussitôt, sur d’autres navires, pour aller chercher tous les «déplacés». Puis il continuera d’arpenter les mers. Infatigable.
(1) Yossi Harel, mort récemment.
le mossad a ete cree en 1951
liberation
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